A la différence du passé, les banques centrales de nombreux pays émergents ont abordé la crise sanitaire en disposant d’une marge de manoeuvre suffisante pour diminuer leur taux et ainsi soutenir leur économie. Une situation qui a permis aux marchés de dette émergente de rebondir depuis avril. Malgré tout, des facteurs de risque demeurent.
Si la Chine a été la première touchée par la crise sanitaire, les économies émergentes ont longtemps semblé relativement épargnées. Mais la situation serait en train de changer, en particulier en Amérique latine. Et quelle que soit l’évolution de la pandémie, elles ont toutes été impactées par des mesures de distanciation sociale – qui ont fortement pesé sur l’économie informelle – et surtout par une réduction marquée du commerce mondial. De ce fait, dès le mois de mars, les économies émergentes ont enregistré des sorties massives de capitaux. Si celles-ci interviennent systématiquement à chaque crise financière, elles ont été cette fois-ci d’une ampleur inégalée. Selon Euler Hermès, elles ont atteint au mois de mars le montant record de 88 milliards de dollars, soit un niveau quatre fois plus important que lors de la crise financière de 2008.«Les sorties de capitaux ont été historiques en mars, avant de commencer à se réduire à partir du mois d’avril lorsque la Fed puis la BCE ont annoncé des mesures vigoureuses de soutien, réduisant l’aversion au risque des investisseurs», confirme Michael Israel, associé fondateur d’IVO Capital Partners. Au mois d’avril en effet, seulement 18 milliards d’euros supplémentaires avaient quitté ces régions, tandis que début juin, les investisseurs faisaient un timide retour vers ces marchés. Pour preuve, les ETF ont commencé à collecter. Selon SPDR, 1 milliard de dollars ont été réunis sur la seule dernière semaine de mai sur les ETF investis sur la dette en dollar et 180 millions sur la dette en devise locale.