Des ONG dénoncent de nombreuses similitudes entre la nouvelle stratégie de finance durable de l’Union européenne et les conclusions d’un rapport rédigé par la division conseil du gérant américain.
La publication par la Commission européenne, le 27 août dernier, du rapport qu’elle avait confié à BlackRock, sur les mesures à prendre afin de réduire les émissions de carbone, a ravivé une ancienne polémique. En mars 2020, la désignation de la division conseil du gérant américain pour accompagner l’institution européenne avait en effet suscité des critiques nombreuses. Au point que des membres du Parlement européen et le réseau international d’ONG Change Finance avaient déposé des plaintes. Emily O’Reilly, médiatrice de l’Union européenne (UE), avait alors jugé que le géant de l’asset management avait « optimisé ses chances d’obtenir le contrat, en faisant une offre financière exceptionnellement basse ». Puis elle avait enjoint à l’exécutif bruxellois de renforcer les dispositions relatives aux conflits d’intérêts dans son règlement financier.
Une publication retardée de plusieurs mois
La Commission européenne s’était engagée à publier le rapport controversé. Ce fut chose faite… fin août. « Nous pensions l’obtenir dès le mois d’avril, retrace Lara Cuvelier, chargée de campagne investissements soutenables chez Reclaim Finance, ONG fondée en 2020 par la militante Lucie Pinson, connue pour avoir poussé une dizaine d’acteurs financiers à se désinvestir du charbon. Nous avons renouvelé nos demandes auprès de la Commission, qui n’a cessé de repousser cette publication, à tel point que Change Finance avait saisi une nouvelle fois le médiateur européen pour ce manque de transparence. Nous aurions au moins souhaité pouvoir prendre connaissance de ce document avant la publication de la stratégie de finance durable de l’UE, le 6 juillet dernier. »