Alors que les marchés actions européens et américains évoluent à des niveaux record dans le sillage de la reprise mondiale, Hervé Thiard, directeur général de Pictet AM, recommande de s'intéresser au marché asiatique, injustement sous-estimé par les investisseurs.

Quels sont les atouts de l'Asie ?
L'Asie connaît une croissance structurelle forte. Le vif rebond conjoncturel de la région, ne doit pas faire oublier la puissante dynamique à l'œuvre depuis des années. La crise sanitaire n'a été qu'une parenthèse vite refermée. Les économistes prévoient une reprise de 8,9% de la croissante cette année, contre +4% pour les pays développés. La région représentera 50% du PIB mondial en 2045. Dans cette perspective, la sous-exposition des investisseurs européens à l'Asie me semble dommageable si l'on veut composer un portefeuille économiquement équilibré.
La croissance asiatique est différente de celle de la plupart des marchés émergents, qui eux dépendent fortement de leurs exportations de matières premières et donc du cycle économique mondial.
Les moteurs de l'Asie sont bien plus diversifiés et moins corrélés à l'activité des pays développés. La montée en puissance de la consommation domestique et les investissements, sont désormais les deux principaux leviers de la croissance. Signe de ce dynamisme, les entreprises asiatiques représentent aujourd'hui 80% des indices émergents et cette part va augmenter avec l'intégration inéluctable de nouvelles actions chinoises.
Est-il encore temps de s'exposer au marché asiatique ?
En termes de valorisation, le marché asiatique apparaît attractif avec un PER, à fin avril, de 16 contre 20 pour l'Europe alors que la croissance sera bien plus forte en Asie au cours des cinq prochaines années.
Depuis la crise de 1998, on observe l'assainissement financier des entreprises et un changement d'objectif dans leur gestion. Les sociétés, qui cherchaient avant tout à croître, parfois aux dépens de la rentabilité, ont inversé leur priorité. Elles cherchent désormais à maximiser leur génération de cash flow et leur rentabilité. De plus en plus d'entreprises parviennent désormais à s'autofinancer à tel point que le ratio dette sur capitaux propres est aujourd'hui historiquement faible.