Malgré le resserrement monétaire attendu dans les pays développés en 2022, la dette émergente en devise locale, très bien rémunérée, reste attractive. Pour Thierry Larose, gérant senior chez Vontobel Asset Management, une période propice s’ouvre pour la classe d’actifs, pour peu qu’on y investisse de manière responsable.
La politique accommodante des banques centrales des pays développées touche à sa fin. Faut-il s’inquiéter pour la dette émergente ?

Traditionnellement, les resserrements monétaires créent des conditions de marché assez toxiques pour les actifs risqués en général et la dette émergente en particulier. En effet, la hausse des taux américains attire les investisseurs et les détourne de cette classe d’actifs. Mais nous constatons aussi historiquement que l’impact négatif se perçoit surtout avant le cycle de resserrement, voire tout à la fin. Or le mouvement de prise en compte du prochain cycle est déjà très avancé, avec des taux courts américains qui ont augmenté de manière très significative, et nous ne devrions pas entrer dans un cycle de plusieurs années de hausse de taux, comme le confirme le net aplatissement de la courbe des rendements aux Etats-Unis. Par ailleurs, les monnaies émergentes devraient être moins pénalisées par un dollar fort, le double déficit commercial et budgétaire des Etats-Unis obligeant ces derniers à maintenir le billet vert à un niveau attractif. Il faut donc relativiser l’effet de ce resserrement.
Où en sont les banques centrales des pays émergents ?
Elles ont déjà mené ce resserrement monétaire en grande partie. Au début de la crise sanitaire, elles avaient adopté des politiques non orthodoxes mais elles ont depuis largement normalisé leurs taux. Le taux directeur brésilien, le Selic, est par exemple tombé de 6,5 % à 2 % du fait de la pandémie mais il est repassé en quelques mois à 10,75 % et pourrait atteindre 12,75 % à terme. D’une manière générale, le différentiel de taux avec les pays développés est exceptionnel : en monnaie locale, les taux directeurs des pays émergents sont 440 points de base plus élevés que les taux des pays développés en termes réels. Historiquement, ce niveau de prime de risque a généralement auguré de bonnes performances pour la dette émergente en monnaie locale. C’est d’autant plus positif pour la classe d’actifs que la croissance de ces pays devrait accélérer, comme le montrent les indicateurs avancés. Les banques centrales disposent en outre de marges de manœuvre nouvelles pour relancer leurs économies si nécessaire. Après une décennie difficile pour la dette émergente, les conditions de marché semblent donc redevenir très propices à la classe d’actifs.
Peut-on investir dans la dette émergente de manière responsable ?
Nous le faisons depuis une dizaine d’années pour des raisons éthiques mais aussi financières. En effet, l’entrave aux libertés se traduit souvent par une incertitude politique et institutionnelle plus élevée qui requiert une prime de risque plus importante. En outre, un Etat qui souffre d’une mauvaise gouvernance et d’une forte corruption tend à moins respecter ses engagements vis-à-vis de ses créanciers, ce qui augmente le risque de défaut. C’est pourquoi nous nous sommes fixé des règles contraignantes en matière d’ESG. Nous excluons ainsi tous les pays considérés comme non démocratiques, en nous basant sur les notations de l’ONG Freedom House. Cette approche nous conduit à des exclusions fortes : nous n’investissons ni en Russie, ni en Chine, ni en Turquie par exemple. En revanche, pour ne pas pénaliser la population, nous investissons dans la dette en devise locale émise par les organismes multilatéraux qui financent des projets dans les pays.
En complément de cette stratégie d’exclusion, nous avons développé un modèle de notation ESG propriétaire. Ces notes nous permettent de prendre en compte des tendances à très long terme – en matière d’éducation ou de préservation de la biodiversité par exemple – qui n’entrent pas, sinon, dans notre analyse financière dont l’horizon est bien plus court terme. Par ailleurs, un pays pauvre, vivant de l’exploitation de son sous-sol et souffrant d’un déficit démocratique se trouve souvent mal noté alors qu’il a besoin d’investissements pour se développer. Pour limiter cet effet, la moitié de notre score ESG tient compte de l’évolution de sa situation : nous soutenons ainsi les gouvernements qui prennent des décisions bénéfiques pour leur pays à long terme.
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