Dix ans après la crise, les valeurs bancaires peinent toujours à séduire les investisseurs. Tactiquement, certains se positionnent ponctuellement sur ces titres décotés et à haut rendement. Mais ce sont surtout les instruments de dette complexes qui attirent l’attention par leur rémunération.
Difficile pour un investisseur d’apprécier les valeurs bancaires européennes cotées : leur sous-performance par rapport à l’indice agit comme un repoussoir. En 2018, l’Euro Stoxx Banks a perdu 33,3 %, contre 14,3 % pour l’Euro Stoxx 50. Quant à 2019, le tableau est tout aussi contrasté : si, jusqu’à fin avril, les deux indices progressaient à des rythmes similaires, à +16,1 % pour les banques contre +17,1 % pour l’ensemble des secteurs, le retournement du mois de mai, qui a suivi le durcissement du conflit commercial sino-américain, a pénalisé plus fortement les établissements financiers.
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Mi-juin, l’Euro Stoxx Banks perdait ainsi 1,5 % depuis le début d’année, tiré vers le bas par les établissements du sud de l’Europe, quand l’Euro Stoxx 50 restait dans le vert à +12,5 %. «Les marchés aiment les histoires de croissance, or l’activité bancaire s’inscrit dans une perspective de croissance molle», souligne Cédric Besson, gérant actions et conseiller du président de Gaspal Gestion.
Des profils de rentabilité dégradés
Les banques traînent en effet de multiples boulets à leurs pieds depuis la crise. Leur recapitalisation forcée a pesé sur la performance financière, leurs coûts de conformité réglementaire ont explosé, tandis que la concurrence n’a cessé de s’accroître, sous l’effet de la transformation digitale, compressant les marges. Surtout, la politique monétaire accommodante, si elle a permis à certaines de faire face à leurs difficultés de refinancement, leur coûte également beaucoup, en tirant vers le bas les...