Face à la baisse des rendements, les institutionnels et les gérants diversifient leurs investissements dans la dette privée, en mettant dorénavant l’accent sur des titres émis par des sociétés sous LBO et sur des opérations de financement menées sans garantie. Cette évolution inquiète certains gérants qui insistent sur la nécessité de continuer à sécuriser leurs investissements.
Dans un contexte de taux d’intérêt très bas, les investisseurs se tournent de plus en plus vers la dette privée. Selon l’enquête annuelle de l’Association française des investisseurs institutionnels (AF2I), les encours de prêts représentaient à fin 2016 1,9 % de leur allocation contre 1 % en 2016. Surtout, 89 % des institutionnels interrogés affirmaient vouloir augmenter la part de ce type d’investissement dans leur allocation. De leur côté, les sociétés de gestion multiplient les lancements de fonds.

D’après le cabinet bfinance, 30 % des lancements de nouveaux produits seraient le fait de sociétés de gestion qui n’étaient pas présentes dans la dette privée corporate senior et qui souhaitent se développer dans une nouvelle activité. Cet engouement n’est toutefois pas sans conséquence. Les afflux de capitaux ont en effet un impact en termes de rendements, mais aussi de prise de risque. Cette évolution est particulièrement notable en ce qui concerne les titres Euro-PP. «Les premiers titres Euro-PP ont été lancés en 2012, rappelle Cyril Kammoun, responsable de la banque d’investissement de Degroof Petercam en France. Initialement, les émissions concernaient principalement les grands établissements de taille intermédiaire (ETI) avec une bonne, voire très bonne, qualité de crédit et portaient sur des opérations avec des montants importants compris entre 200 et 300 millions d’euros. Les rendements se situaient alors autour de 4 % à 5 %.» La demande pour ce type de produits a...