Plusieurs fonds actions et crédit ont vu le jour ces derniers mois sur la thématique de l’autonomie stratégique. Leur objectif : cibler les entreprises les plus résilientes dans un contexte géopolitique chahuté, et qui bénéficient des vastes plans d’investissement publics. Des approches qui impliquent d’élargir le champ de l’ESG.
Sur le papier, ils préfèrent le terme, moins connoté, d’« autonomie stratégique ». Mais c’est bien la thématique de la souveraineté économique que cherchent à couvrir plusieurs fonds d’actifs cotés récemment lancés par des gérants français. En novembre dernier, Groupama AM a ainsi créé un fonds obligataire à échéance ciblant ce thème, suivi en février par CPR AM. Fin mars, deux fonds actions ont vu le jour, l’un lancé par La Financière de l’Echiquier et l’autre, là aussi, par CPR. Si les encours sont encore limités – moins de 5 millions pour le véhicule actions de LFDE et 55 millions pour celui de CPR, contre 100 millions d’euros pour le fonds obligataire de Groupama AM et 500 millions pour celui de CPR –, la thématique a de quoi séduire tant les particuliers que les institutionnels, assurent les gérants.
«90 % des composants de panneaux photovoltaïques sont actuellement produits en Asie.»
Des dépendances mises au grand jour
La gestion des chaînes d’approvisionnement et les choix d’externalisation ont de tout temps intéressé les asset managers dans leur analyse des sociétés. Mais les mutations profondes que connaissent les logiques de mondialisation depuis quelques années rendent ces enjeux plus cruciaux encore. « Dès 2017, les relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ont commencé à se tendre, avec le refus de Donald Trump de ratifier l’accord de partenariat transpacifique (TPP), puis ce conflit s’est amplifié, avec des répercussions sur les sociétés européennes, rappelle Nina Lagron, gérante du fonds Echiquier Go Local à La Financière de l’Echiquier. Les entreprises se plaignaient alors déjà du manque de disponibilité des pièces détachées et certaines n’hésitaient pas à dédoubler leur chaîne d’approvisionnement pour limiter leur dépendance à l’Asie. »