Les marchés émergents, et notamment ceux d’actions, démarrent l’année sous les meilleurs auspices. Mais au-delà de ce rebond de court terme, ces actifs présentent aussi des atouts plus structurels dans une économie mondiale en recomposition, estime Jean-Louis Nakamura, responsable de la boutique Sustainable Equities de Vontobel AM.
Pourquoi peut-on être optimiste pour les actions émergentes en 2023 ?

Les planètes sont toutes alignées à court terme pour la classe d’actifs. Le différentiel de croissance attendu entre les pays émergents et les pays développés atteint un niveau inédit depuis une décennie : estimé par la Banque mondiale à 3 % environ sur 2023, il pourrait même dépasser 3,5 % si le succès de la réouverture chinoise se confirme. Dans ce contexte, le retard de valorisation des actions émergentes pourrait servir de catalyseur à un retour des investisseurs internationaux sur ces marchés. De fait, les flux reviennent : 30 milliards de dollars ont été investis par des non-résidents dans les émergents depuis le début d’année, dont plus de la moitié en Chine. Enfin, le mouvement d’appréciation du dollar, auquel les marchés émergents sont très historiquement sensibles, semble avoir atteint un pic. Si le sentiment que le cycle de resserrement monétaire américain touche à sa fin se confirme, ce sera bénéfique pour les pays émergents, en donnant plus de marge de manœuvre à leurs propres banques centrales.
Le contexte récessionniste mondial ne peut-il pas noircir le tableau ?
Il est certain que le rebond des marchés émergents dépendra de la vitesse à laquelle la croissance des pays développés atteindra son point bas. Mais il faut souligner que le monde émergent est, sur le plan financier, bien moins vulnérable que par le passé au risque de retrait des capitaux étrangers en période récessionniste. Si l’on met de côté quelques cas particuliers (Turquie, Argentine, Afrique du Sud…), ces pays ont réussi à contenir leur niveau d’endettement total,...