Entretien avec David Benamou, gérant associé chez Axiom.
Vous lancez votre premier fonds sur le thème du climat, pourquoi avoir attendu jusqu’à maintenant pour intégrer ce risque dans la gestion de portefeuille ?

Nous réfléchissions depuis longtemps à la manière dont nous pourrions intégrer de façon pertinente le changement climatique dans notre gestion, évidemment comme un facteur de risque mais aussi en comprenant ce que les émetteurs peuvent faire pour en atténuer ses effets. Celui-ci est spécifique dans notre cas, car nous sommes spécialisés dans l’investissement dans l’industrie financière. Cette dernière possède une empreinte carbone faible, mais elle dispose en revanche d’un effet de levier très important en matière de climat via les sociétés qu’elle finance. Le lancement de notre premier fonds sur le climat s’inscrit aussi dans le cadre d’une rencontre avec Antoine de Salins, directeur associé d’I Care, une société spécialisée dans le conseil en environnement. Nous avons travaillé avec ses équipes à l’élaboration d’une méthodologie nous permettant d’analyser finement les financements octroyés par les banques et donc de déterminer, entre autres, l’alignement de leurs financements avec les objectifs de l’accord de Paris.
Ce fonds répond-il à la réglementation SFDR ?
Nous avons classé ce fonds dans l’article 8 car il se focalise sur un seul secteur, le secteur financier, et son objectif n’est pas d’investir dans des obligations vertes ou thématiques. En raison de cela et d’autres contraintes techniques, nous ne pouvions pas pour l’instant le rapprocher de l’article 9, même s’il est beaucoup plus exigeant que ses pairs en matière de sélection de valeurs. Nous considérons par ailleurs que si les investisseurs se satisfont pour l’instant des classifications proposées par les sociétés de gestion sur un mode déclaratif, ils devraient introduire une certaine discrimination entre les fonds à mesure que les obligations de reporting liées à SFDR entrent en vigueur.
Avez-vous plus largement intégré les critères ESG à votre gestion ?
Nous utilisons de longue date les critères ESG. La gouvernance, par exemple, est essentielle dans l’industrie financière. Nous avons recruté récemment une spécialiste pour travailler sur ces questions et élaborer un process plus abouti. Tous nos fonds, à quelques exceptions près comme notre fonds long/short sur le crédit, devraient intégrer les critères ESG.
Ces chantiers sont-ils compliqués à mener pour une société de gestion entrepreneuriale ?
Ils nécessitent évidemment des investissements nouveaux, du temps pour formaliser les nouveaux process et former les équipes. Nous avons ainsi pris de nouveaux fournisseurs de données, recruté des analystes qualifiés, etc. Nous anticipons d’autres chantiers à venir avec l’entrée en vigueur des obligations de reporting.