Alors que le gérant d’actifs Mirova a demandé la transformation d’Orpea en entreprise à mission, l’idée est loin de faire l’unanimité chez les investisseurs. Elle soulève surtout la question de la responsabilité tout au long de la chaîne d’investissement.
L’affaire Orpea n’a pas fini d’embarrasser les professionnels de la gestion d’actifs. Alors qu’ils ne cessent de professer haut et fort leurs engagements en matière de responsabilité environnementale, sociale et de gouvernance (ESG), les révélations sur les graves dysfonctionnements observés au sein des établissements de retraite Orpea ont jeté, une fois de plus, la suspicion sur la fiabilité de cette approche. L’initiative récente de la société de gestion Mirova, actionnaire à hauteur de près de 4 % du groupe, qui a demandé à ce dernier de se transformer en entreprise à mission, n’a à ce titre guère permis de redresser le tir. La proposition, détaillée aux côtés d’autres mesures de refonte de la gouvernance dans un courrier adressé par le gérant au président du conseil d’administration de l’entreprise, a dans l’ensemble paru inadaptée face à l’enjeu.
D’abord, « le temps de déploiement de l’entreprise à mission ne semble pas à la hauteur de l’urgence ni de l’ampleur du problème soulevé par Orpea », souligne Vincent Auriac, président d’Axylia. Introduite dans la loi Pacte en 2019, l’entreprise à mission vise à inscrire la responsabilité sociétale des entreprises au cœur même de leur activité en officialisant publiquement leur engagement responsable à travers le respect d’objectifs sociaux et environnementaux. Jusqu’à présent, 510 sociétés ont sauté le pas. Pour qu’il ne s’agisse pas d’un simple affichage, la loi a prévu de doter l’entreprise à mission d’une gouvernance spécifique en constituant un comité de mission chargé de suivre l’exécution des engagements pris.