En suspendant sa notation du fonds H2O Allegro, Morningstar a contribué à l’intense mouvement de décollecte de l’asset manager en juin. Un impact qui rappelle le rôle des agences de notation de crédit lors de la crise de 2008.
Les difficultés rencontrées par la société de gestion H2O mi-juin ont mis sur le devant de la scène l’activité d’évaluation des fonds d’investissement pratiquée par le fournisseur de données Morningstar. En effet, si la vague de rachats subie par les fonds d’H2O a débuté avec la publication d’un article du Financial Times, elle a été accentuée par la décision de Morningstar de suspendre la note de l’un de ses fonds phares. Ce coup de projecteur a conduit certains professionnels de la gestion d’actifs à s’interroger sur le fonctionnement de ces «S&P et Moody’s des fonds».
En effet, tout comme les agences de notation de crédit pour les émetteurs de dette, Morningstar délivre une note aux fonds ouverts et aux ETF. Cette «note des analystes Morningstar» – qui ne doit pas être confondue avec le classement des «étoiles», simple évaluation quantitative des performances passées – résulte, comme dans le cas de la notation de crédit, d’une analyse prospective et qualitative des fonds par les 115 analystes de la plateforme. «Nous étudions les fonds suivant cinq piliers : l’équipe de gestion, le process d’investissement, les performances, les frais facturés et la stratégie de la société de gestion dans son ensemble, explique Mara Dobrescu, responsable de la recherche pour les fonds obligataires chez Morningstar. C’est un travail poussé, nécessitant de rencontrer le gérant et les dirigeants de la société de gestion. Chaque analyste est ainsi en charge d’une quarantaine de fonds.» Ce sont 4 450 fonds qui sont notés à travers le monde, dont un quart en Europe.