Après un très bon début d’année, les gérants comme les investisseurs institutionnels sont devenus plus prudents sur les dettes émergentes. Dans une perspective à moyen/long terme, tous les spécialistes notent une évolution importante de la classe d’actifs : celle-ci a gagné en encours sous gestion, la dette en devise locale devenant plus importante en volume que la dette en devise dure alors que les fondamentaux des économies émergentes se sont améliorés. Pour autant, les institutionnels demeurent très réticents à investir en monnaie locale et exigent de plus en plus des gérants qu’ils intègrent des critères ESG dans cette classe d’actifs.
- Les dettes émergentes et plus généralement les marchés émergents ont attiré les capitaux en début d’année, le momentum est-il toujours aussi favorable ?
- Les investisseurs institutionnels français s’intéressent davantage de façon structurelle à la dette émergente plutôt qu’aux actions émergentes, comment expliquez-vous ce phénomène ?
- Quelle est votre stratégie d’investissement en tant qu’investisseur institutionnel sur les actifs émergents?
- Comment a évolué la classe d’actifs – dette émergente – ces dernières années ?
- Investir sur les devises locales ne permet-il pas d’augmenter le rendement ?
- L’intégration de la Chine dans les principaux indices de dette émergente devrait-elle encore modifier la structure de la classe d’actifs, celle-ci constitue-t-elle une opportunité ?
- Est-ce qu’en tant qu’investisseur institutionnel, vous êtes présents en Chine ?
- La solution consiste-t-elle à appliquer des critères ESG à cette gestion afin de sélectionner les émetteurs sur lesquels les primes de risque ne sont pas justifiées ?
- Etes-vous présents dans des pays dont l’image peut être écornée ?
- Etes-vous aussi exposés à la Turquie ?
Les dettes émergentes et plus généralement les marchés émergents ont attiré les capitaux en début d’année, le momentum est-il toujours aussi favorable ?

Jean-Jacques Durand, responsable dette emergente total return, Edmond de Rothschild AM : Après une décollecte nette en 2018, nous avons assisté depuis le mois de janvier à un retour des investisseurs sur les dettes émergentes. Les encours perdus par la classe d’actifs l’an dernier ont ainsi été récupérés. Cependant, depuis quelques semaines, les investisseurs sont redevenus à nouveau averses au risque. La conjonction d’une croissance moins forte qu’attendue avec des négociations commerciales qui patinent entre les Etats-Unis et la Chine pèse sur les marchés émergents, mais aussi sur les économies développées. De ce fait, nous sommes devenus prudents sur la classe d’actifs. Nous ne sommes pas exposés de façon agressive car les investisseurs peuvent à nouveau – si la guerre commerciale s’accentue ou encore si de mauvaises nouvelles se présentent – diminuer le risque de leurs portefeuilles et sortir de ces marchés plus massivement.

Bertrand Billé, responsable obligations crédit au sein de l’ERAFP : Les marchés émergents ont en effet rattrapé dans la première partie de l’année les baisses enregistrées l’an dernier. Nous sommes maintenant plus prudents sur ces actifs et privilégions plutôt le rendement issu du portage.

Jean-Charles Sambor, responsable adjoint des obligations émergentes chez BNP Paribas Asset Management : Nous faisons varier de façon tactique nos niveaux d’exposition. Nous avons ajouté du risque dans nos portefeuilles à partir du mois de novembre dernier, puis avons...