Métier

Consolideurs : les entreprises plébiscitent les trentenaires

Publié le 8 octobre 2021 à 15h58

Anne del Pozo

Très technique, le métier de consolideur commence seulement à attirer des candidats, alors qu’il offre de réelles perspectives. Les entreprises cherchent des profils de trentenaires, déjà dotés d’une bonne expérience. Afin de décrocher le poste, les candidats devront faire la preuve de leur expertise métier et de leur capacité à communiquer avec les plus hautes instances de l’entreprise.

Quelle que soit la conjoncture économique, les consolideurs restent des profils particulièrement recherchés par les entreprises, en particulier ceux dotés de deux à quatre ans d’expérience. « Depuis 25 ans que j’exerce ce métier, le marché de l’emploi manque clairement de consolideurs qualifiés, constate Vincent Tignon, co-fondateur et président de la société de conseils Neonn. Certes, le métier commence à être davantage connu, notamment chez les jeunes. Les candidats sont donc plus nombreux, mais ils manquent souvent d’expertise. Ainsi, peu de consolideurs trentenaires disposent de suffisamment d’expérience pour mener à bien des travaux d’élaboration de comptes d’états financiers consolidés ou encore d’analyse des capitaux propres ou de l’impôt. Ces trentenaires sont pourtant plébiscités par les groupes car rapidement opérationnels et autonomes dans leurs missions. » Au quotidien, ils sont les garants du strict respect des règles comptables, chargés de suivre leur évolution.

Ils ont pour vocation de réunir l’ensemble des documents financiers (liasses, reporting, comptes de résultat, bilans, etc.) et de consolider tous les états financiers de l’entreprise ou du groupe. « Ces consolideurs occupent un rôle central, car ils disposent de toutes les données chiffrées de l’entreprise ; ils doivent pouvoir les consolider et vérifier leur conformité avec les normes et règles nationales et internationales », précise ainsi Benjamin Claire, senior manager Ile-de-France chez Fed Finance.

A la différence des grandes entreprises, qui disposent d’équipes dédiées, la consolidation dans les PME est généralement confiée au DAF ou au responsable comptable.

Une expertise métier poussée

Le métier devient ainsi très technique, notamment au sein des grands groupes qui disposent de filiales étrangères. Pour l’exercer, les entreprises cherchent des candidats aux compétences approfondies en consolidation, maîtrisant les systèmes logiciels financiers actuels et au fait des process de consolidation à l’international. « Au-delà de l’expertise métier, la fonction nécessite également une solide expérience en comptabilité, reporting et analyse financière. Le consolideur doit par ailleurs être un expert en normes (IFRS, US GAP, SOX) et réglementations, indique Aurélien Boucly, associate business director chez Robert Half. L’anglais est également indispensable, notamment pour les consolideurs de grands groupes internationaux. Ils doivent être capables de communiquer avec des personnes de cultures différentes et avec les filiales à l’étranger. »

Un manque de formations dédiées

Le manque de formations spécialisées concernant ce métier est l’une des principales raisons du faible nombre de jeunes candidats qualifiés. « Souvent, les étudiants se spécialisent en consolidation à l’occasion d’un stage lors de leur parcours en école de commerce ou en master finance et comptabilité », relève Vincent Tignon. Pour trouver des consolideurs avec deux ou trois ans d’expertise, les recruteurs s’appuient alors sur des profils de consultants, d’ingénieurs financiers ou d’experts-comptables auditeurs avec une première expérience dans, par exemple, un grand cabinet de conseil (les Big Four de conseil et d’audit financier). « Ces auditeurs savent généralement appréhender des comptes consolidés et ont acquis au sein de ces cabinets une rigueur et une méthodologie indispensables à la pratique de la consolidation », poursuit Vincent Tignon. 

Pour les profils plus techniques ou les postes dans de grandes entreprises à dimension internationale, ce sont alors davantage des cadres disposant d’une forte expertise en comptabilité ou qui ont travaillé au sein d’un centre de services partagés, chargés de la comptabilité de différentes filiales, qui peuvent intégrer des services de consolidation. « Ils sont souvent diplômés d’un master en comptabilité, contrôle, audit (CCA) et d’un DSCG », note Aurélien Boucly.

Responsable consolidation groupe : un métier où l’on peut faire carrière

  • Généralement âgés de plus de 40 ans, les responsables consolidation groupe sont de véritables chefs d’orchestre qui managent leur propre équipe tout en travaillant en lien avec les juristes pour connaître le périmètre des données à consolider, les fiscalistes et les trésoriers. Ils doivent avoir la capacité de produire régulièrement les chiffres qui seront publiés ou destinés aux équipes dirigeantes. « A ce titre, ils doivent avoir un certain leadership et être en mesure d’assurer un rôle de conseil auprès des contrôleurs et directeurs financiers », indique Benjamin Clair, senior manager Ile-de-France chez Fed Finance.
  • Il leur revient également de surveiller l’évolution constante des normes (IFRS par exemple). Dès lors que leur entreprise fait une opération de M&A ou de cession d’activité, ils doivent être en mesure d’en mesurer les impacts chiffrés. « Il est d’ailleurs de plus en plus souvent sollicité en qualité de conseil lors des opérations de fusion ou acquisition, et intervient également pour la rédaction des clauses de ces contrats », conclut Benjamin Clair.

Une attractivité à renforcer

Pour attirer ces jeunes talents, les entreprises misent en premier lieu sur le package salarial, à la hauteur de l’investissement, notamment en temps de travail, que le consolideur doit consentir pour exercer ses missions. « En période de clôture des comptes, le volume d’heures de travail du consolideur peut être particulièrement important, précise Vincent Tignon. Les salaires varient donc entre 40 000 euros par an pour un junior et 100 000 à 150 000 euros pour un responsable consolidation. Pour un consolideur doté de quelques années d’expérience, la fourchette se situe entre 60 000 euros et 80 000 euros. » 

Au regard de la charge de travail, le pack salarial proposé n’est pas toujours suffisant pour attirer un grand nombre de candidats. Comment donner plus d’attractivité à ce métier ? « Il faut amener du sens à leur mission, notamment en les intégrant comme des business partners dans les décisions financières importantes du groupe (acquisitions, refinancement, restructurations, etc.) et en leur proposant de réaliser la consolidation de données extra-financières (réglementation ESG/RSE), suggère Vincent Tignon. Il est également important de leur expliquer les perspectives de carrière auxquels ils s’ouvrent en intégrant le service consolidation d’un groupe. » 

Leur mission l’implique, les consolideurs travaillent en collaboration étroite avec les équipes finance et trésorerie du groupe. Ils sont particulièrement visibles dans l’entreprise. Généralement à l’aise avec les chiffres, maîtrisant les langues étrangères, ils peuvent ainsi prétendre à des postes de responsable consolidation groupe mais aussi de direction financière en France ou à l’étranger.

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