Les débats de l’Af2i 

L’ESG, au cœur des travaux et réflexions de l’Af2i

Publié le 27 mai 2022 à 12h03

Arnaud Lefebvre    Temps de lecture 4 minutes

L’Association française des investisseurs institutionnels (Af2i) se veut toujours force de propositions sur les sujets réglementaires et les sujets de société affectant les professionnels de l’investissement. C’est le cas, en particulier, sur la directive européenne Solvabilité 2. Entré en vigueur en 2016, ce texte a, il faut dire, entraîné de nombreux bouleversements pour les gérants et les institutionnels, parmi lesquels un alourdissement des contraintes en fonds propres dans le cadre d’investissements dans certaines classes d’actifs. C’est pourquoi l’Af2i n’a pas manqué d’adresser une lettre à la Commission européenne, en mai 2021, « afin de proposer un nouvel axe d’analyse », comme l’a indiqué Hubert Rodarie, président de l’association, et de formuler des propositions concrètes en vue de la révision de cette directive.

Faisant directement écho à l’événement « Time to change », la finance à impact constitue l’autre thématique majeure sur laquelle l’Af2i est particulièrement active. Finance for Tomorrow la définit comme la stratégie d’investissement ou de financement qui vise à accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle, en apportant une preuve réelle de ses effets bénéfiques. En cela, « elle peut être perçue comme le chaînon manquant entre l’investissement responsable et l’investissement solidaire, qui fait de l’impact depuis longtemps », insiste Jean-Bernard Ott, responsable allocation et politique ESG au sein de la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens. Selon lui, elle contribue à ce titre à « incarner la finance ».

Alors que l’ESG et l’impact font depuis quelques années l’objet d’un grand nombre de travaux académiques, « l’une des missions de la commission recherche de l’Af2i est de rapprocher le monde des investisseurs institutionnels de celui de la recherche », signale Laurent Deborde, directeur du pôle actions et fonds de la direction des gestions d’actifs au sein du groupe Caisse des dépôts. Dans ce contexte, deux jeunes chercheurs s’intéressant à la prise en compte de risques climatiques dans la gestion d’actifs sont venus présenter les résultats de leurs investigations : Ricardo Henriquez, ESG research chez Candriam-KEDGE BS qui s’est penché sur le traitement de ce type de risques dans les médias et les incidences sur les obligations d’entreprises européennes de qualité de crédit investment grade, et Quentin Moreau, de l’Université Paris-Dauphine, qui s’est notamment interrogé sur l’impact des risques climatiques physiques (montée des eaux, ouragans. etc.) sur le choix des financements par une entreprise.

«La finance à impact peut être perçue comme le chaînon manquant entre l’investissement responsable et l’investissement solidaire. »

Jean-Bernard Ott Responsable allocation et politique ESG ,  Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens

Eric Dubos, directeur financier de la MACSF et Eric Bertrand, directeur général délégué en charge des gestions d’OFI Asset Management ont ensuite présenté une étude menée par les commissions de l’Af2i en partenariat avec l’Université Dauphine et OFI AM, consacrée au pilotage des enjeux ESG liés à la réglementation dans un mandat assurantiel. Un sujet central depuis la récente mise en œuvre du règlement européen SFDR. Et pour cause : ce texte impose aux sociétés de gestion qui proposent des produits promouvant des caractéristiques environnementales et/ou sociales (produits dits « article 8 ») un certain nombre de contraintes, ce afin d’offrir aux souscripteurs une grande transparence. Si ce guide vise avant tout à mettre en avant des bonnes pratiques, il sensibilise les professionnels sur plusieurs prérequis, comme l’importance « de faire un travail autour des activités controversées, de la notation ESG et des indicateurs de suivi », précise Eric Bertrand.

Concluant les débats, Henri Chaffiotte, président de la commission investissements retraite et vice-président de l’AF2I, a enfin insisté sur le fait que les réserves détenues par l’ensemble des institutions de retraite, qui s’établissaient à 220 milliards d’euros fin 2020, pouvaient « participer au financement de l’économie », en particulier celui « d’investissements plus responsables ». 

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