CEO d’Ostrum AM et président de l’Association française de la gestion financière (AFG), Philippe Setbon est longuement revenu durant la deuxième édition de Time to Change sur le rôle des gérants d’actifs en matière de transition écologique/énergétique. « Alors que cela fait au moins vingt ans que les gestionnaires travaillent dessus, ils sont l’allié indispensable de cette transition », a-t-il insisté en guise d’ouverture de son discours.
Préparer la révision de SFDR
A l’aune des différents rapports du GIEC, ou encore de la survenue de plus en plus rapprochée de catastrophes naturelles, il apparaît plus que jamais nécessaire d’accélérer sur ce front. Or, ce défi soulève au moins deux enjeux. Le premier a trait à la réglementation. « Celle-ci est complexe parce qu’on est en train de parler d’une matière qui n’est pas stabilisée. Pour ne rien arranger, on produit de la réglementation au kilomètre et, en plus de cela, on le fait de façon non coordonnée entre les zones géographiques. A l’arrivée, on obtient un mille-feuille qui peut être incohérent ou en tout cas apparaître comme tel de temps en temps. » Face à ce constat s’impose un besoin de cohérence et de convergence d’une part, et de précision d’autre part. « Par exemple, nous n’avons pas de définition claire, aujourd’hui, du sustainable investment, des investissements durables ou de ce qu’est une entreprise durable », remarque Philippe Setbon. Soucieuse de pallier une partie de ces écueils, l’AFG a récemment mis en place une task force, chargée d’élaborer une position commune à son échelle sur cette définition de sustainable investment. « Nous faisons des propositions. Même si nous enregistrons des retours qui ne sont plutôt pas favorables à ce jour, il faut persévérer. Cette réflexion prépare certainement ce que seront les travaux d’une révision du règlement SFDR à l’horizon 2025, peut-être 2026. »
Renforcer le dialogue avec les émetteurs
Le deuxième défi majeur concerne la data extra-financière. « Notre métier consiste, et consistera toujours, à sélectionner les bons projets économiques versus les mauvais, y compris évidemment en intégrant tous les enjeux sociaux, climatiques, de biodiversité, etc., de façon beaucoup plus formalisée que ce qu’on pouvait faire dans le passé. Pour ce faire, nous avons besoin d’accéder à l’information financière brute, pas celle qui passe par d’autres data providers. » A cela s’ajoute également un autre chantier selon l’AFG, consistant à normer l’analyse extra-financière, ainsi qu’un impératif : celui d’engager et/ou de renforcer le dialogue avec les entreprises sur ces sujets. « Un gérant a beaucoup plus de prise avec la dette qu’en étant actionnaire dans la mesure où les entreprises peuvent être fragiles du fait de leurs leviers, et pas obligatoirement du fait de leur solvabilité. Ce faisant, nous avons un formidable levier à actionner pour essayer de promouvoir les meilleures pratiques », conclut Philippe Sebton.