Pour Ulrik Fugmann, co-responsable des stratégies environnementales et gérant de portefeuille chez BNP Paribas Asset Management, les fonds verts sont loin de tous se valoir, tant d’un point de vue impact que performance.
Quelle place peut avoir l’investissement thématique sur l’environnement dans le portefeuille d’un institutionnel ?
Ulrik Fugmann : Les institutionnels doivent s’interroger sur le sens de leur démarche. Demeurent-ils dans une logique de rendement et de benchmark, ou recherchent-ils un impact réel au travers de leur investissement ? Auquel cas seuls les fonds et ETF positionnés sur les services et produits qui apportent des solutions environnementales peuvent répondre à leurs ambitions. Ils ont un impact véritable, contrairement à des fonds prétendument verts plus larges, notamment ceux ayant une approche best-in-class. Ceux-ci investissent sur des entreprises qui cherchent à améliorer leur positionnement environnemental, y compris dans des secteurs tels que le gaz, le pétrole, la finance, les mines… Ces entreprises n’apportent pas de solutions aux problèmes environnementaux.
Investir sur les fournisseurs de solutions implique donc de s’éloigner des benchmarks traditionnels. Seules 3,5 % des entreprises de l’indice MSCI ACWI produisent des énergies renouvelables, seules 1,6 % contribuent à la protection du capital naturel. Un vrai fonds environnement aura donc une tracking error plus élevée par rapport aux indices. Encore trop peu d’institutionnels investissent sur des produits qui financent les entreprises capables de conduire l’économie vers la neutralité carbone.
Qu’est-ce qui explique la sous-performance des fonds environnementaux cette année ?
Ulrik Fugmann : Cela tient à la surperformance de ces mêmes fonds en 2020. Ils ont, en moyenne, généré une performance de 100 %, quand celle, en euros, du MSCI ACWI était de 5 % et celle des fonds verts de 5 % à 10 %. En 2021, on a assisté à une rotation des portefeuilles en faveur des fonds environnement, ce qui a entraîné la création d’une bulle. Celle-ci a éclaté à la fin de l’année 2021, sous le coup de considérations macroéconomiques. La valorisation des entreprises est retombée aux niveaux de 2011. Pourtant, leurs fondamentaux sont excellents et, surtout, l’intérêt pour leurs offres, la profondeur de leur marché et leurs perspectives de croissance sont aujourd’hui sans commune mesure avec 2011. Le moment est donc très favorable pour se repositionner sur ces fonds car les valorisations ne reflètent pas le potentiel réel, surtout à moyen et à long terme.