Les entreprises et les particuliers subissent actuellement un choc inflationniste d’ampleur inattendue. Peut-on le comparer à ceux des années 1970 ?
Les prix de l’énergie et des matières premières augmentent fortement, mais pas seulement : les prix à la consommation des produits manufacturés ont augmenté de 3,1 % sur un an en février dans la zone euro, ce qui ne s’était jamais vu depuis la création de cette statistique. En France, la hausse atteint 2,2 % pour ces mêmes produits, ce qui est également inédit, depuis les années 1980. On peut effectivement comparer ce choc à celui des années 1970. Si l’on prend en compte l’ensemble des importations et de la production, c’est-à-dire l’ensemble des ressources disponibles, on constate une hausse des prix de l’ordre de 3 %. Autrement dit, on peut parler d’un prélèvement équivalent à 3 % de nos ressources. Ce chiffre était de 5 % en 1973 et de 4 % en 1979-80. Les chocs étaient donc plus importants à l’époque, mais les ordres de grandeur ne sont pas si dissemblables. Pourtant, la dépendance à l’énergie fossile était alors beaucoup plus forte… Mais ce qui caractérise le choc actuel, c’est la combinaison, jamais vue, d’une hausse des prix de l’énergie, des prix des produits agricoles et de ceux des métaux.
Quels sont les secteurs les plus touchés ?
Ce sont les plus utilisateurs d’énergie. Par exemple, pour les entreprises françaises du secteur de la chimie, l’énergie consommée équivalait en 2019 à 70 % de leur excédent brut d’exploitation. Si les prix doublent, comme c’est le cas, le choc est majeur. Les industriels vont répercuter cette hausse des coûts dans leurs prix de vente. Dans l’industrie, les prix à la production, à...