Entretien avec Arthur Porré, cofondateur et managing partner, chez Avolta Partners.
En 2023, les fonds levés par les start-up françaises avoisinent un montant cumulé de 8 milliards d’euros, en forte baisse. Comment expliquez-vous cette évolution ?
Par rapport aux deux années précédentes, le montant des levées de fonds enregistre une nette baisse. En effet, en 2021, 13 milliards d’euros avaient été levés et près de 15 milliards d’euros en 2022, soit une diminution en valeur de plus de 40 %. Ce sont plutôt ces deux années-là qui sont des anomalies. En 2019 et 2020, la valeur totale des levées de fonds tournait plutôt entre 5 et 6 milliards d’euros.
Cette anomalie post-Covid est liée notamment à une valorisation excessive du digital, qui a permis au monde entier de fonctionner malgré des crises majeures. Finalement, il faut avant tout regarder 2023 comme une année de retour à la normale des valorisations sur le marché. En volume, le nombre de levées de fonds est comparable à celui de 2022. L’année passée, 1 061 opérations ont été enregistrées, contre 1 375 en 2022.
Par ailleurs, l’inflation et la remontée des taux ont véritablement marqué un tournant dans les investissements, qui sont devenus beaucoup plus prudents. Pour les entreprises, l’accès à la liquidité est beaucoup plus complexe qu’en 2021 et les valorisations ont largement chuté. Cela s’est d’abord traduit par une baisse de la valeur des sociétés cotées, avec ensuite un effet domino sur les entreprises non cotées.
Cette chute des valorisations est-elle spécifique à la France ?
La baisse des valorisations n’est pas spécifique à la France. Les montants levés ont diminué partout en Europe. Sur l’année calendaire, la France connaît une baisse un peu plus nette que celle des pays voisins comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, mais...