Contributeur régulier de la rubrique «Asset management» d’Option Finance, vous venez de rédiger un ouvrage, Chronique d’une très grande crise*, à partir des analyses que vous avez rédigées entre 2001 et 2015. Quel était votre objectif ?
Je voulais d’abord revenir sur la crise financière en ayant pris du recul et en racontant cette période de façon objective. La crise a comporté beaucoup d’éléments négatifs, mais elle a masqué également des évolutions positives, comme celle de la Chine, qui est devenue un contributeur majeur à la croissance mondiale, ou de l’euro, qui a tenu malgré la crise des dettes souveraines européennes. J’avais également pour objectif d’expliquer en quoi consiste l’activité du gérant, comment il peut être amené à commettre des erreurs et quelle est – malgré tout ! – sa valeur ajoutée.
Avec le recul, comment s’expliquent ces erreurs de jugement ?
D’abord, il arrive que l’on perçoive certains signes anormaux sans en mesurer la portée exacte. Début juillet 2007, j’avais par exemple remarqué que la prime sur les obligations était plus intéressante que celle sur les actions. Cela traduisait un déséquilibre mais je n’avais pas complètement perçu lequel. Par ailleurs, l’interprétation de certains événements par le marché peut être très difficile à anticiper, comme on l’a vu par exemple lors de la crise grecque. Beaucoup d’investisseurs se sont focalisés sur la solvabilité des Etats en Europe mais celle d’autres Etats a été mal appréciée, en particulier en ce qui concerne les continents asiatique et américain. Mais comme les investisseurs de ces régions ont un poids important sur le marché européen, les autres intervenants sont obligés de tenir compte de leur point de vue.