Malgré l’allant de certains corporates, l’apathie des fonds de private equity et l’absence d’opérations de grande envergure ont fait plonger le marché des fusions-acquisitions à son plus bas niveau depuis 2013.
Le marché français du M&A a connu des jours meilleurs. Après une année 2021 exceptionnelle, la situation s’est tendue à la mi-2022, le montant global des opérations impliquant une contrepartie française ayant finalement chuté de 46 % sur l’ensemble de l’année à 156 milliards de dollars (147 milliards d’euros). La chute s’est poursuivie en 2023, avec un nouveau recul de 20 % du marché des fusions-acquisitions, tombé à 125,6 milliards de dollars selon Refinitiv.
Cette apathie du marché s’explique avant tout par un contexte macroéconomique défavorable. « Les taux d’intérêt sont montés très rapidement, sur une période très courte, ce qui a bouleversé tous les modèles et a rendu plus délicats les exercices de valorisation pour les opérations de M&A, indique Anne Hiebler, responsable mondiale des fusions et acquisitions au sein du département global investment banking de Crédit Agricole CIB. En outre, la situation d’incertitude sur le plan géopolitique a incité les investisseurs à la prudence. »
Le dynamisme vain de certains corporates
Cette situation a affecté en premier lieu les méga-deals. « Si le segment des opérations de 1 à 5 milliards a bien résisté, les deals supérieurs à 5 milliards ont quasiment disparu, car l’exécution d’opérations d’une telle ampleur s’est avérée plus complexe et risquée en 2023 », estime Patrick Perreault, co-responsable fusions-acquisitions du groupe Société Générale. Seuls les rachats des activités italiennes d’Iliad par Vodafone (7,2 milliards de dollars) et des activités logistiques de...