Si le volume d’émissions obligataires corporate en euros a nettement progressé en 2023,la hausse a été encore plus forte pour les émetteurs français, dont les émissions ont augmenté de 56 %, atteignant 74 milliards d’euros.
Il est loin le temps où les grandes entreprises émettaient régulièrement des obligations, avec des opérations échelonnées tout au long de l’année. Depuis 2022, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le marché primaire de l’obligataire corporate en euros a pris les allures d’un marché à fenêtres, avec de longues périodes d’attentisme des émetteurs, entrecoupées par quelques semaines d’intense activité. Cette tendance s’est encore accentuée en 2023. L’évolution des taux d’intérêt, qui a créé de la volatilité sur les marchés, ainsi que les faillites bancaires aux Etats-Unis (Silicon Valley Bank) et en Suisse (Credit Suisse) ont déterminé les périodes d’ouverture et de fermeture du marché.
Ainsi, en janvier 2023, alors que les investisseurs se montraient optimistes sur l’évolution future des taux d’intérêt, ce que reflétait par exemple la baisse de 40 points de base du rendement du Bund 10 ans, qui avait culminé à plus de 2,50 % fin décembre 2022, l’activité a été particulièrement fournie, avec des émissions de Saint-Gobain, ASF (Autoroutes du Sud de la France), Air France, EDF, Engie.
Mais dès la remontée des taux en février, alors que le marché prenait conscience d’une détermination des banques centrales plus forte que prévu à durcir les conditions monétaires, les émetteurs se sont retirés, face au manque d’intérêt des investisseurs pour l’obligataire. Ils ne sont pas plus revenus en mars et avril en raison des crises bancaires, alors même que le mois d’avril est...