Premier Français à occuper le poste de commissaire européen en charge du marché intérieur et des services, Michel Barnier a eu à gérer depuis quatre ans des dossiers aussi vastes que complexes. Si la quarantaine de textes présentés par la Commission visaient à restaurer la stabilité du système financier européen, la multiplication des réglementations n’a pas toujours été bien perçue par les acteurs concernés. A quelques jours des élections européennes, Michel Barnier défend son bilan.
Depuis la crise, la nécessité de mieux réguler le système financier a conduit à une avalanche de textes réglementaires, notamment en Europe. Quelles ont été vos priorités lorsque vous avez été nommé commissaire européen en charge du Marché intérieur et des services en février 2010 ?
Michel Barnier, commissaire européen en charge du marché intérieur et des services : Il faut d’abord rappeler pourquoi cet agenda de régulation financière a été mis en place. C’est la conséquence logique d’une crise sans précédent, venue des Etats-Unis, qui s’est propagée en Europe à l’ensemble du secteur financier et qui a cassé la croissance. Les raisons de cette crise sont précisément la dérégulation, une confiance excessive dans l’autorégulation des marchés, une supervision défaillante des banques, des bonus injustifiés pour des banquiers qui se sont parfois crus tout permis… La crise s’est ensuite d’autant plus facilement propagée en Europe que celle-ci était affaiblie par ses dettes, et par son absence de gouvernance. Lors des premières réunions du G20, en 2008-2009, les dirigeants du monde ont décidé dans l’urgence de réagir, et de mettre en place une architecture mondiale de règles obligeant à davantage de transparence, de supervision, et de robustesse pour les banques. Lorsque je suis devenu commissaire en 2010, la feuille de route du G20 était sur la table : tout était donc à faire pour construire cette nouvelle architecture européenne, dont l’objectif était qu’aucun marché, produit, ou secteur de la finance n’échappe à une régulation intelligente et à une supervision efficace. Je reconnais que cette mission a nécessité beaucoup de textes : nous en avons présenté 41 !