La crise sanitaire, puis les bouleversements provoqués par la guerre en Ukraine, ont mis à rude épreuve les directeurs financiers depuis deux ans. Confrontés au retour de l’inflation, à la remontée des taux d’intérêt et à des perspectives de récession, ceux-ci doivent continuer à maîtriser les coûts tout en faisant en sorte de donner à leurs entreprises respectives les moyens de poursuivre leur développement dans un contexte incertain. Le Prix du directeur financier de l’année, décerné par l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG) avec le soutien d’Option Finance, est l’occasion de mettre en lumière des parcours emblématiques. Jean-Jacques Morin, chez Accor, Xavier Girre, chez EDF et Franck Lemery, chez Legrand, sont les candidats finalistes de 2022.
« La capacité de s’adapter aux évolutions de l’environnement va devenir essentielle »
Jean-Jacques Morin, directeur général adjoint, directeur financier d’Accor
Quels ont été vos principaux chantiers depuis votre arrivée au sein du groupe, en 2015 ?
En sept ans, la direction financière a accompagné quatre chantiers majeurs de transformation du groupe. Le premier, baptisé Booster, avait pour but de modifier le business model d’Accor, jusqu’alors propriétaire de ses hôtels, pour l’orienter vers une gestion « asset-light ». Nous avons ainsi scindé la propriété des actifs et leur gestion, avant de procéder progressivement, pendant deux ans, à la cession de 900 hôtels pour une valeur d’actifs totale de 9 milliards d’euros.
Grâce aux liquidités dégagées, nous avons pu mener à bien un second chantier majeur, portant sur l’élargissement de notre portefeuille de marques. Alors que celles-ci étaient au nombre de 13 en 2014, Accor en regroupe désormais 43. Nous voulions en particulier monter en puissance sur le segment du luxe et du lifestyle où nous étions peu présents. Nous avons donc procédé à des acquisitions importantes comme celle de FRHI (Fairmont, Raffles…), Mövenpick, sbe, etc. qui ont fait passer le segment du luxe et du lifestyle de 10 % du chiffre d’affaires en 2014 à 33 % actuellement.
La direction financière a par ailleurs été particulièrement sollicitée à l’occasion de troisième plan, dit Reset. Dès 2018, nous avons cherché à réduire notre base de coûts et à améliorer nos modes de fonctionnement. Cet objectif a été renforcé par la crise sanitaire, qui nous a fait prendre conscience que nos coûts fixes étaient encore trop élevés. Il fallait rendre cette base de coûts beaucoup plus variable. Cela nous a conduits à...