Dans le cadre de son émission inaugurale d’obligations convertibles, Total a opté pour une structuration originale qui lui permet de supprimer l’aspect dilutif inhérent à ce type de produits, tout en sécurisant son coût de financement. Une première en France.
C’est une levée de fonds inédite à plusieurs titres à laquelle Total vient de procéder. En empruntant 1,2 milliard de dollars le 25 novembre dernier, le groupe pétrolier a d’abord innové en se tournant vers un produit qu’il n’avait encore jamais utilisé : les obligations convertibles (OC). «En tant qu’émetteur fréquent sur les marchés obligataires classiques (en euros, en dollars américains et australiens, en couronnes norvégiennes, etc.), nous sommes constamment à la recherche des meilleures opportunités en termes de coût, rappelle un membre de la direction financière de Total. Dans ce cadre, nos partenaires bancaires nous ont sensibilisés aux caractéristiques des OC, traditionnellement moins onéreuses que les obligations classiques en raison de l’option de conversion qu’elles intègrent.»
Un montage incluant des produits dérivés
Si le produit a d’emblée suscité l’intérêt de la société, celle-ci ne souhaitait toutefois pas diluer ses actionnaires.
Une condition qui a conduit ses banquiers à lui proposer un montage jamais utilisé en France. «En 2014, le groupe allemand Fresenius avait innové en émettant des OC remboursables exclusivement en cash, signale Benoît Bout, responsable equity-linked de Crédit Agricole CIB. Depuis, d’autres émetteurs ont dupliqué ce schéma non dilutif avec succès, comme par exemple Iberdrola et Vodafone. Nous avons donc proposé à Total de le reproduire également.»
Même si la structure basée sur un remboursement en numéraire répondait aux exigences de Total, elle pouvait néanmoins présenter un inconvénient important. En effet, l’option détenue par les porteurs d’OC leur permet, si le cours boursier de l’émetteur...