Alors qu’il existe actuellement 174 banques centrales à travers le monde, un petit nombre d’entre elles présentent une particularité de taille : elles sont cotées en Bourse ! Leur mode de fonctionnement diffère toutefois grandement de celui des autres sociétés ayant ouvert leur capital aux marchés, notamment en matière de gouvernance.
En mars dernier, une société helvétique cotée a annoncé avoir enregistré 23,3 milliards de francs suisses (21,2 milliards d’euros) de pertes en 2015, alors qu’un an plus tôt elle avait réalisé 38 milliards de francs suisses de bénéfices. Etonnamment, son cours boursier n’a absolument pas été affecté par cette annonce… La mansuétude des actionnaires ne s’explique pas par le maintien du versement d’un dividende en dépit de ces mauvais résultats. Elle tient seulement au fait que cette société n’est autre que… la Banque nationale suisse ! «Cette institution fait partie des rares banques centrales à être cotées en Bourse, indique Howard Davies, économiste et ancien vice-gouverneur de la Banque d’Angleterre. Près de 60 % de son capital est détenu par des institutions publiques (cantons, banques cantonales, etc.), tandis qu’environ 40 % de celui-ci est entre les mains d’investisseurs particuliers.»
Des cotations «politiques et pragmatiques»
Ce phénomène de cotation a de quoi surprendre, tant il est peu courant. Sur les 174 banques centrales répertoriées à travers le monde, seules cinq d’entre elles, en Belgique, en Grèce, en Suisse, au Japon et en Afrique du Sud, offrent en effet la possibilité à des investisseurs d’acheter et de vendre leurs actions sur les marchés. Une particularité qui est en fait un héritage du passé : «31 des 40 banques centrales créées entre le début du XVIIe siècle et 1935 ont été constituées sous la forme de sociétés détenues par des investisseurs privés, principalement des banques commerciales»,...