Comme en 2012, un ambitieux projet de carte bancaire paneuropéenne a été mis en échec cette année. Aiguillonnées par la Commission européenne et la BCE, les grandes banques françaises, toujours en pointe sur le sujet, n’ont pas réussi à convaincre un nombre suffisant de partenaires bancaires hors de l’Hexagone. Reste un projet de wallet européen, dont les contours sont encore à définir.
L’Europe des paiements se construit à très petits pas. Avec, parfois, d’étranges balbutiements. Voilà dix ans, précisément en avril 2012, on apprenait que le projet Monnet de carte bancaire européenne, notamment soutenu par les banques françaises, était abandonné, faute d’accord avec les établissements financiers des autres grands pays de l’UE. Comme pour fêter cet anniversaire peu glorieux, tout juste dix ans plus tard, en mars 2022, le projet EPI (European Payments Initiative) a vu ses ambitions fortement réduites. Il prévoyait la création d’un système de carte bancaire européenne, destiné à mettre fin à la domination des géants américains Visa et Mastercard. Mais de nombreuses banques allemandes, notamment, ont finalement préféré se retirer du jeu, calant devant l’ampleur des investissements nécessaires.
Comment l’histoire peut-elle se répéter à ce point ? Pourquoi les grandes banques françaises, particulièrement en pointe sur ce projet, ont-elles pris le risque de se faire désavouer à nouveau par leurs homologues européennes ? Pourtant, le contexte actuel paraît plus favorable aujourd’hui qu’en 2012. Pour des raisons à la fois techniques et politiques. « En 2012, l’infrastructure de paiement sur lequel EPI s’appuie aujourd’hui, l’Instant Payment, n’existait pas, relève Pierre Lahbabi, CEO de Galitt, filiale de Sopra Steria spécialisée dans les paiements. En 2020, il a servi de catalyseur au projet, car c’est un système performant, fonctionnant déjà partout en Europe et il paraît légitime de s’appuyer dessus. »