Déterminée à lutter contre l’inflation en accélérant la hausse des taux d’intérêt, quelles que soient les circonstances économiques, la BCE met en place un outil « anti-fragmentation » destiné à lutter contre les conséquences du ralentissement de la croissance que pourraient subir certains pays « périphériques ». Un outil dont bénéficierait éventuellement l’Italie, à condition que le futur gouvernement montre patte blanche à Bruxelles.
La Banque centrale européenne (BCE), qui semblait suivre de très loin son homologue américaine, la Fed, dans son mouvement de hausse des taux d’intérêt destiné à contrer l’inflation, accélère désormais le pas. Sa présidente, Christine Lagarde, a annoncé jeudi 21 juin une hausse de l’ensemble des taux directeurs de la BCE de 0,5 point (50 points de base), double de celle pré-annoncée lors de la réunion précédente, le 9 juin. Le taux principal, le taux de dépôt, négatif depuis juin 2014, revient donc en territoire positif, passant de - 0,5 % à 0 %. La présidente de la BCE a justifié ce non-respect de la « forward guidance » par l’accumulation de mauvaises surprises sur le front de l’inflation, qui touche aussi bien les produits alimentaires, l’énergie, que les services. Elle ne s’est engagée sur aucun calendrier de futures hausses des taux, celles-ci dépendant des données publiées concernant l’évolution des prix.
« Le message est clair, la BCE donne plus que jamais la priorité à la lutte contre l’inflation, estime Cyril Regnat, responsable des solutions de recherche et stratégiste taux, Natixis. Nous pensons qu’elle pourrait remonter ses taux directeurs à nouveau de 50 points de base en septembre et de 50 points en octobre, avec la volonté d’agir vite contre l’inflation. » Cette hausse du loyer de l’argent à court terme se répercuterait sur l’ensemble de la courbe des taux. « Les taux longs s’étaient un peu détendus depuis la mi-juin, le marché prenant en compte les risques de...