Plus de la moitié des salariés français disposent d’un plan d’épargne salariale : une reconnaissance des bénéfices que procurent ces dispositifs aux épargnants aussi bien qu’aux entreprises. Néanmoins, une sensibilisation accrue de ces dernières permettrait d’accélérer encore le déploiement de cette épargne, qui est loin d’avoir atteint son plein potentiel.
Selon les statistiques de l’AFG, à fin 2021, 11 des 19 millions de salariés avaient accès à l’épargne salariale. Les épargnants semblent de plus en plus conscients des bénéfices de ces dispositifs, même si tous n’y ont pas recours dans les mêmes proportions. Il faut dire que la loi Pacte a largement œuvré à les rendre plus attractifs. Outre la possibilité de déduire les versements volontaires de l’impôt sur le revenu, rappelons, par exemple, que le PER permet dans certains cas une sortie en capital. Une barrière qui, jusqu’ici, venait freiner la collecte sur certains dispositifs retraite antérieurs au PER. A ces avantages se conjuguent les répercussions de l’actualité et des récentes évolutions politiques : de quoi attiser l’intérêt des salariés pour les dispositifs d’épargne retraite. « En janvier 2023, nous avons enregistré plus d’un million de visites sur notre plateforme dédiée à la retraite, MonDemain/La Retraite en Clair, et plus de 100 000 simulations ont été effectuées. On observe une véritable mobilisation sur ces sujets », note Nicolas Villet, directeur de BNP Paribas Epargne & Retraite Entreprises.
Cet intérêt circonstanciel ne doit pas faire oublier que l’épargne salariale procure une réponse à des enjeux individuels d’épargne tout au long de la vie : financement de projets, acquisition de la résidence principale, complément de revenu à la retraite… L’éventail des possibles s’est élargi avec les opportunités de déblocage anticipé offertes par Pacte. A cela se couplent également des offres de placement elles aussi élargies, pouvant répondre à tous types de stratégies patrimoniales, en fonction de l’âge, de la propension au risque ou des convictions de l’épargnant. « Si l’entreprise a effectué un choix suffisamment large, le salarié peut investir sur de nombreuses typologies d’actifs. Notre offre packagée propose ainsi pas moins de 22 fonds pour les TPE », confirme Nicolas Villet.
Convergence d’intérêts entre salariés et entreprises
Du côté des salariés, les intérêts de l’épargne salariale ne sont plus à démontrer et sont renforcés par les possibilités d’abondement. Mais l’entreprise, elle aussi, a beaucoup à y gagner. L’épargne salariale s’inscrit dans la lignée du partage de la valeur – que le gouvernement cherche d’ailleurs à renforcer – et est vivement appréciée des partenaires sociaux. Le récent accord national interprofessionnel entre organisations syndicales et patronales pourrait d’ailleurs encore élargir ces dispositifs et favoriser notamment le développement de l’actionnariat salarié. Là encore, les entreprises auraient tout intérêt à se saisir d’un outil porteur de sens pour les collaborateurs et qui apporte une solution à l’épineuse question de la rétention des talents.
De plus, l’épargne salariale procure un levier simple et efficace pour les entreprises désireuses de renforcer leur politique RSE. Des critères extra-financiers peuvent ainsi être fixés pour l’obtention de l’intéressement, des fonds responsables et solidaires sont désormais systématiquement proposés dans les offres. Sans oublier que cela peut constituer une occasion de renforcer le dialogue social au sein de l’entreprise… à condition que ses différentes parties prenantes s’emparent du sujet.
Une indispensable sensibilisation
Malgré ses avantages, le marché de l’épargne salariale demeure encore limité par rapport à son potentiel. Une des premières barrières à lever serait d’améliorer les connaissances des directions générales et des ressources humaines, en charge de ces sujets en interne. La complexité technique des offres et les contraintes juridiques entourant l’utilisation des données digitales des salariés nuisent souvent au déploiement des offres et à une bonne communication sur les dispositifs disponibles.
L’un des axes de cette communication pourrait justement être de faire valoir que, derrière des dispositifs d’épargne collective, ce sont bien des solutions individuelles qu’il est possible de construire. « Nous déployons chez BNPP E&RE un ensemble sans cesse renouvelé d’expertises, d’outils et d’actions d’accompagnement. Ils intègrent les besoins des épargnants en fonction de leur étape de vie, leur niveau de maturité concernant la matière financière et le digital, leur niveau de rémunération… », illustre Nicolas Villet. Pour cela, le groupe enrichit régulièrement ses enveloppes financières, mais prend aussi soin de faciliter l’utilisation de ses plateformes web et digitales et de renforcer la communication avec les épargnants. Outre les canaux classiques, comme le mail et les courriers, BNP Paribas E&RE propose des réunions avec les salariés ou des échanges téléphoniques individuels. « Nous mettons aussi en place des parcours d’accompagnement personnalisés de connaissance et préparation à la retraite, avec l’aide de fintechs spécialisées dans ce domaine. » Ces outils permettent notamment de simuler les montants disponibles à la retraite, d’analyser le nombre de trimestres manquants et de déclencher un appui pour les récupérer ou encore de réaliser des projections de rachat de trimestres, des versements volontaires ou d’optimisation fiscale. Cet accompagnement omnicanal devrait faciliter la sensibilisation de toutes les parties prenantes de l’entreprise à l’épargne salariale, et ainsi contribuer à son accélération.
Questions à… Nicolas Villet, directeur de BNP Paribas Epargne & Retraite Entreprises
Ingénieur civil des Mines et diplômé d’HEC, Nicolas Villet a commencé sa carrière en 2004 chez Deloitte. En 2011, il rejoint BNP Paribas, d’abord à la gestion financière, puis BNP Paribas Cardif comme secrétaire du comité exécutif et directeur de la stratégie. En 2016, il devient deputy CEO de Cardif pour l’Asie. Il est depuis 2020 directeur de la business unit dédiée à la retraite de BNP Paribas Cardif et directeur de BNP Paribas Epargne & Retraite Entreprises.
Les fonds ISR & solidaires constituent-ils un levier intéressant pour les entreprises ?
Tout à fait ! Une récente étude de marché menée avec l’institut CSA nous le confirme : 80 % des salariés interrogés pensent que l’entreprise qui propose des placements responsables en épargne collective permet de donner du sens à leur épargne et de les associer à sa politique RSE. Pour 70 % d’entre eux, cela renforcerait leur fierté et leur sentiment d’appartenance. Enfin, 67 % des salariés qui déclarent détenir des placements responsables le font à travers des dispositifs proposés par leurs entreprises et plus de 90 % en sont satisfaits. Nous sommes fiers de proposer à nos clients une gamme de fonds solidaires depuis maintenant 20 ans. Ces fonds contribuent à soutenir le développement d’entreprises et associations qui s’adressent aux personnes fragilisées dans notre société. A date, nos fonds d’épargne salariale solidaire permettent de financer 29 partenaires solidaires, répartis dans 7 domaines d’action sociale différents, dont l’accès au logement, à l’emploi ou à la microfinance. Un dernier chiffre : avec 17 % des encours en épargne salariale solidaire du marché à fin 2021, nous représentons le double de notre part de marché naturelle, un vrai engagement pour et par nos clients.
L’actionnariat salarié est-il un vecteur complémentaire de partage de la valeur ?
C’est un vecteur majeur d’accroissement potentiel de richesse pour les salariés ainsi que de fidélisation à leur entreprise et de nombreux dirigeants l’ont parfaitement compris. Notons également que cela permet de participer au développement de l’économie réelle, une épargne long terme au service du financement des entreprises. Il y a aujourd’hui une attention particulière pour favoriser les PME ETI et le renforcement de leur capital via les fonds propres. C’est tout l’enjeu du label relance et c’est normal : renforcer le tissu des entreprises sur l’ensemble du territoire national. Notre fonds labélisé France Relance le permet. n