Le fort taux d’adoption du PER depuis son lancement avec
la loi Pacte s’explique par la souplesse de cette solution.
Ses avantages ne se limitent pas à la fiscalité mais s’exercent également dans la gestion. A la clé, de nombreux bénéfices pour l’épargnant à condition, toutefois, qu’il ait bien connaissance des opportunités qui s’offrent à lui.
Le pari semble réussi, le PER devrait atteindre les objectifs fixés à son lancement. Un succès d’autant plus intéressant qu’il se vérifie aussi bien sur le nombre de titulaires de comptes que sur les montants épargnés. Les 275 milliards d’euros d’épargne retraite à fin septembre 2022 – le gouvernement vise 300 milliards fin 2022 – et les 6,5 millions de titulaires (à fin septembre 2022) démontrent que l’intérêt de l’épargne retraite a bien été perçu. « Le PER a été conçu pour convaincre les épargnants de préparer leur retraite, un sujet majeur lié à la baisse du taux de remplacement. Le PER, qui harmonise les dispositifs préexistants à la loi Pacte, offre de nombreux avantages, avec une fiscalité attractive, des frais plus lisibles et plafonnés en cas de transfert et une gestion pilotée adaptée à l’horizon de la retraite. Celle-ci trouve son public : sa part dans les PER collectifs est passée de 31,4 % à 36,3 % entre 2018 et 2022 », commente Dominique Dorchies, directrice générale déléguée chez Natixis Interépargne.
Certes, le succès du PER peut être tempéré par le fait que de nombreux PER collectifs résultent de la transformation d’anciens produits d’épargne retraite, ou que la croissance la plus forte des encours porte sur le PER individuel et non sur les dispositifs collectifs. « Néanmoins, et c’est un sujet clé pour une meilleure diffusion du partage de la valeur et de l’épargne d’entreprise, le PER collectif gagne progressivement du terrain au sein des plus petites entreprises », précise Dominique Dorchies, chiffres de l’AFG à l’appui. En effet, depuis la loi Pacte, chaque année, près de 20 000 entreprises de moins de 250 salariés s’équipent d’un dispositif d’épargne salariale.
Orienter l’épargne, un enjeu crucial
Si le PER remplit ses objectifs en matière de collecte, le défi désormais est d’accompagner les clients et de bien orienter leur épargne. « Il est capital que celle-ci soit placée sur des supports performants dès le départ, car les épargnants agissent très peu sur leur compte : en 2021, seuls 7 % d’entre eux ont procédé à un arbitrage sur leur épargne salariale et cela a concerné 7 % des encours du marché », confirme Dominique Dorchies. En outre, la remontée des taux courts conduit les épargnants à se tourner vers les placements monétaires. « La collecte sur le livret A a atteint en janvier dernier des montants inégalés depuis très longtemps. Il est donc indispensable d’accompagner les épargnants, notamment dans le cadre de l’épargne salariale, et de trouver les arguments pour les convaincre de privilégier une gestion plus performante sur le long terme. »
La gestion pilotée répond à cet objectif sur un horizon retraite. Natixis Interépargne propose deux modes de gestion pilotée. Avec les fonds générationnels, l’épargnant choisit le fonds dont l’horizon correspond à sa date de départ en retraite. Le portefeuille du fonds fait l’objet d’une sécurisation progressive. Avec les grilles de gestion pilotée, l’épargne est automatiquement répartie entre différents fonds et classes d’actifs selon le profil de l’investisseur et son horizon de placement ; des arbitrages automatiques sont effectués tout au long de la période pour sécuriser l’épargne. « Nous avons une approche innovante de la gestion pilotée et proposons aussi des grilles dynamisées, dont l’objectif est d’optimiser la performance de l’épargne sur une durée un peu plus longue avec le maintien d’une petite part d’actions à l’échéance théorique de la grille, certains épargnants laissant leur épargne fructifier même après leur départ à la retraite », souligne Dominique Dorchies.
La loi Pacte permet aussi d’investir sur de nouvelles classes d’actifs plus diversifiées, notamment le private equity, traditionnellement réservé aux institutionnels et à la gestion de fortune. Natixis Interépargne s’est appuyée sur l’expertise des spécialistes de Natixis Investment Managers pour proposer un fonds innovant, Avenir Actions Long Terme, investi en cible à 80 % en actions internationales et 20 % en private equity, permettant aux épargnants de participer au financement de la croissance des PME et ETI françaises et européennes. « Nos simulations sur 10 ans montrent que l’introduction d’une part significative de private equity dans un portefeuille actions internationales améliore la performance tout en maîtrisant le risque et en augmentant la diversification », précise Dominique Dorchies.
Des services innovants
Si tout est fait pour faciliter la compréhension du PER, celui-ci n’en demeure pas moins un outil assez complexe, en particulier d’un point de vue fiscal. « Les choix à effectuer sont individuels, car dépendants de la situation fiscale de chacun. Un accompagnement est indispensable. » Natixis Interépargne fait le choix de renforcer cet accompagnement et offre divers services comme la simulation retraite permettant aux épargnants d’estimer leur pension de retraite et de mettre en place un plan d’actions pour compléter leur revenu à la retraite. Elle a noué un partenariat avec France Retraite et propose des rendez-vous de préparation à la retraite avec un expert. « Analyser le relevé individuel de situation et corriger d’éventuelles anomalies, se déclarer à la retraite, rendre ses avoirs disponibles, faire fructifier son épargne une fois que l’on a quitté la vie active, anticiper sa transmission, autant d’étapes cruciales au cours desquelles l’épargnant doit pouvoir prendre des décisions en ayant à sa disposition les meilleures informations possibles », conclut Dominique Dorchies.
Questions à... Dominique Dorchies, directrice générale déléguée chez Natixis Interépargne
Diplômée de l’ESCP Business School, Dominique Dorchies débute sa carrière au Crédit Lyonnais puis rejoint Natixis Interépargne où elle occupe successivement les postes de chargée d’affaires, directrice grands comptes et secrétaire générale. Elle en devient directrice générale déléguée en 2017. Elle est aussi présidente de la commission épargne salariale et retraite de l’AFG.
Certains profils d’épargnants sont encore peu équipés de Percol. Quelles barrières lever
pour les conquérir ?
La déductibilité fiscale des versements volontaires sur le PER attire vers ce produit des profils CSP+. Il pourrait être intéressant que le gouvernement se saisisse de ce sujet et mette en place des mécanismes pour promouvoir cette solution d’épargne retraite auprès des salariés peu ou pas imposables. L’une des possibilités serait d’appliquer aux versements volontaires non déductibles du PER Collectif (Percol) le régime fiscal du Perco. En effet, sur le Perco, les plus-values réalisées ne sont taxées qu’à 17,2 % de prélèvements sociaux. Sur le Percol, les plus-values des versements volontaires non déductibles sont, quant à elles, taxées à hauteur de 30 %. Ce rétablissement d’une fiscalité plus attractive pour les versements non déductibles pourrait permettre également la transformation en Percol des Perco qui demeurent. Une autre solution pour démocratiser l’épargne retraite consisterait à mettre à disposition des salariés non imposables une enveloppe de crédit d’impôt plafonnée à l’entrée du PER.
Les PER au format compte-titres sont moins plébiscités que les PER assurantiels. Existe-t-il des solutions ?
Les PER Collectifs restent dans la quasi-totalité des cas des PER comptes titres.
Mais il existe une distorsion de concurrence entre les contrats proposés par les assureurs et ceux des sociétés de gestion. Les PER assurantiels bénéficient en effet d’une fiscalité successorale favorable, similaire à celle de l’assurance-vie alors que les PER comptes-titres rentrent dans l’actif successoral. Une harmonisation des régimes successoraux par le gouvernement serait donc souhaitable avec un alignement sur la fiscalité du PER assurantiel.
En revanche, il est à noter que les frais de fonctionnement moins élevés proposés sur les PER comptes-titres constituent sur la durée de placement un avantage compétitif qui devrait favoriser leur développement.