La crise sanitaire n’est pas encore terminée que déjà une autre crise s’impose à l’est de l’Europe, sur le front ukrainien. Ce contexte à haut risque qui semble s’installer durablement pourrait de nouveau impacter les stratégies d’entreprise et freiner la croissance qui était attendue en 2022. Des enjeux auxquels les directions financières vont devoir répondre, en continuant de se réinventer, de se moderniser et de se digitaliser.
A peine sortie de la plus grave récession enregistrée depuis la Seconde Guerre mondiale générée par la pandémie de Covid-19, l’économie française va devoir affronter un nouveau choc majeur avec le conflit ukrainien. « Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée par le renchérissement du prix du pétrole, du gaz, des matières premières et cela aura des conséquences sur notre pouvoir d’achat demain. Le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits, risquent de s’alourdir encore », déclarait ainsi le chef de l’Etat Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 2 mars dernier.
Au-delà de la flambée des prix des matières premières, qui vient déjà renforcer une poussée inflationniste naissante depuis le début de l’année, le conflit ukrainien vient également affecter une chaîne logistique encore fragilisée par l’épisode de la Covid-19. Dans ce contexte sombre et incertain, l’hypothèse de croissance de 3,6 % pour 2022 (Insee, janvier 2022) n’est donc plus d’actualité. D’ailleurs, les économistes ont déjà révisé fortement à la baisse leurs prévisions de croissance du PIB français, qui pourrait perdre entre 0,7 et 1 point (Rexocode), soit 20 milliards d’euros. Une tendance à la baisse qui pourrait également se renforcer si le conflit se prolonge ou se durcit. Les entreprises françaises vont de nouveau devoir faire preuve d’adaptabilité, d’autant que les sanctions internationales pourraient également avoir des conséquences sur leur activité. Une démarche qui, une nouvelle fois, va mobiliser les directions financières.
La finance en première ligne
La crise sanitaire avait ainsi déjà eu un impact sur le modèle de pilotage, l’organisation et la gestion du cash. Selon l’étude PwC/DFCG sur les priorités 2022 des directions financières, 74 % des DAF s’estiment donc aujourd’hui prêtes à appréhender les défis post-crise sanitaire qui nécessitent de nouveaux modes de fonctionnement.
Dans ce contexte, leurs priorités s’articuleront surtout autour de l’automatisation des processus (34 %), des nouveaux moyens de pilotage (25 %), de l’adaptation des compétences (23 %) et enfin de l’évolution de l’organisation (18 %). Ainsi, fin 2021 et selon l’étude PwC/DFCG, 83 % des répondants envisagent d’investir dans la digitalisation de la fonction finance, et 65 % prévoient de lancer, ou ont déjà lancé, un projet de dématérialisation fiscale.
Automatiser les processus financiers
La digitalisation de la fonction finance reste ainsi l’un des principaux leviers pour améliorer l’efficacité des fonctions back-office. Dans le cadre de cette démarche, les projets ERP sont toujours la priorité des entreprises et 74 % des directions financières envisagent de faire évoluer leur outil en la matière. 51 % des DAF entendent également faire évoluer leurs outils de trésorerie en optimisant le processus de gestion et en augmentant sur le long terme les fréquences de prévision de trésorerie.
KPMG estime cependant que les solutions dédiées au pilotage de la performance (EPM) doivent aussi faire l’objet d’investissements. En effet, beaucoup de solutions de reporting ont été mises en place avec une volonté d’être le référent principal, voire unique, de l’information financière entre toutes les filiales de l’organisation. Bien que ces solutions soient robustes et proposent des processus de consolidation et de reporting généralement unifiés, ils manquent souvent d’agilité. Or, la période de crise a montré la nécessité de pouvoir réagir vite et de réorienter les investissements ou les dépenses rapidement. C’est la raison pour laquelle les DAF lancent ou entendent lancer des projets de refonte de leurs processus et de leurs systèmes de pilotage de la performance.
Quels qu’ils soient, ces projets de digitalisation doivent nécessairement être accompagnés d’une refonte des processus transactionnels et en particulier les processus purchase-to-pay, order-to-cash et les processus de clôture.
Le digital accompagne l’évolution des modes de travail
D’autre part, la digitalisation de la finance est également indispensable pour accompagner les directions financières face à l’évolution des modes de travail et en particulier du travail collaboratif et à distance. Afin de fluidifier la collaboration à distance, la finance doit exploiter autant que possible les outils intégrés et les gestions des workflows. Par exemple, l’intégration en temps réel du système de contrôle financier offre aux équipes financières les moyens de mieux collaborer. De même, automatiser les processus et les contrôles permet de garantir le respect et la sécurité des procédures à distance. A cet effet, il convient préalablement de standardiser et formaliser les processus qui seront digitalisés. L’absence de standardisation peut en effet avoir des répercussions sur le workflow mais aussi sur le cadre de conformité. La mise en place de ces nouveaux modes de travail nécessite aussi de s’appuyer sur une technologie offrant un accès distant, permanent et sécurisé aux données de l’entreprise. Une approche notamment proposée par le cloud.
Le digital en appui du respect des réglementations
Enfin, la digitalisation de la finance répond aussi aux enjeux réglementaires auxquels la finance est ou sera confrontée, et en particulier celui concernant l’obligation de facturation électronique, qui se mettra progressivement en place entre 2024 et 2026. Une bascule que la finance doit anticiper car elle nécessite une refonte des process (liés par exemple à la passation ou la prise de commande, à la réception et au contrôle des factures, à la gestion des litiges ou encore à la déclaration de TVA, etc.) des systèmes et des organisations…