«Le marché des NEU CP est devenu central pour le bon fonctionnement de l’économie réelle en permettant aux entreprises d’y financer directement leurs besoins en fonds de roulement et de disposer de sources diversifiées de financement à court terme.»
Le 18 mars dernier, la Banque centrale européenne annonçait que plusieurs banques centrales nationales, parmi lesquelles la Banque de France, allaient acheter des titres de dette court terme («commercial paper»). En quoi cette décision inédite s’imposait-elle, notamment pour les émetteurs du marché français des NEU CP (ex-billets de trésorerie et certificats de dépôt) ?
Emmanuelle Trichet : Dans un environnement de marché perturbé, les volumes d’émissions se sont taris au cours des dernières semaines sur le marché des NEU CP. Cette situation n’est pas inédite : elle avait déjà été observée, notamment en 2008-2009. Toutefois, ce marché s’est nettement développé depuis lors et a attiré de nombreux émetteurs, en particulier parmi les entreprises non financières. A ce titre, il est devenu central pour le bon fonctionnement de l’économie réelle, en permettant à celles-ci d’y financer directement leurs besoins en fonds de roulement et de disposer de sources diversifiées de financement à court terme. A défaut, ces émetteurs n’auraient pas d’autre choix que de se tourner vers leurs banques et d’utiliser leurs lignes de crédit disponibles. Or ce sont autant de ressources qui peuvent être libérées pour les entreprises de plus petite taille qui n’ont pas accès aux marchés. En cherchant à faciliter le redémarrage du marché de la dette de court terme, l’action de la banque centrale vise à enclencher un cercle vertueux avec un nouveau dispositif d’une ampleur et d’une rapidité de mise en œuvre (une semaine) sans précédent.