Pour parvenir aux objectifs de réduction de gaz à effet de serre que s’est fixés la France d’ici 2050, l’Etat, les collectivités locales, mais aussi les entreprises vont devoir procéder à des investissements importants. En donnant une valeur monétaire à cette «action pour le climat», les récents travaux de la commission présidée par Alain Quinet dans le cadre de France Stratégie devraient leur permettre de mieux en évaluer le coût comme les bénéfices financiers.
Dix ans après avoir présidé une commission sur la valeur tutélaire du carbone, vous venez, dans le cadre de France Stratégie, d’actualiser vos travaux dans un nouveau rapport consacré à «la valeur de l’action pour le climat». Comment la réflexion dans ce domaine a-t-elle évolué dans le temps ?
Il existe une tradition en France de calcul dit «socio-économique», dont France Stratégie est l’héritière, et qui vise à donner une valeur monétaire à un certain nombre d’effets non monétaires : par exemple le gain de temps que peut générer une ligne à grande vitesse, la réduction de bruit procurée par un mode de transport, les vies humaines sauvées grâce à la sécurité accrue d’une infrastructure… Le terme de valeur tutélaire signifie que cette valeur ne peut être définie par un marché mais qu’elle doit être, dans l’intérêt général, décidée par la puissance publique sur la base d’une évaluation d’experts. Historiquement, ces valeurs ont été essentiellement utilisées pour évaluer les gains de temps permis par les infrastructures de transport. A partir du début des années 1980, les économistes ont commencé à s’intéresser à l’environnement, notamment à la lutte contre le changement climatique, et l’idée est apparue de donner aussi une valeur aux réductions de gaz à effet de serre (GES). Le premier à s’être intéressé à la valeur tutélaire du carbone, c’est Marcel Boiteux, en 2001, dans le cadre de la commission Tr...