La montée en puissance des enjeux climatiques dans l’univers financier reflète une prise de conscience non seulement de leur importance, mais aussi des risques qu’ils font peser sur la croissance. Pour accompagner cette transition, les pouvoirs publics vont devoir trouver les moyens d’inciter les agents économiques à modifier leur comportement, comme le souligne l’économiste Katheline Schubert, spécialiste des questions de développement durable.
Depuis la Cop 21 en 2015, un certain nombre de pays, dont la France, se sont engagés dans une stratégie de lutte contre le dérèglement climatique qui passe par une baisse des émissions de gaz à effet de serre. La transition énergétique peut-elle déboucher sur une croissance durable ?
Les énergies fossiles ont été une composante majeure de la révolution industrielle, et par là même de la croissance exceptionnelle que le monde a connue depuis. Elles ont beaucoup façonné nos sociétés et nos modes de vie. Le problème, c’est que leur combustion est polluante, car elles émettent du dioxyde de carbone. Or il ne va pas être facile de se passer de ces énergies fossiles qui ont été centrales dans le développement économique. C’est pour cette raison que tous les discours rassurants sur le fait que la transition énergétique se ferait sans douleur m’ont toujours paru trompeurs.
Certes, la croissance peut repartir de façon durable si de nouveaux moteurs d’activité apparaissent. Mais, à court ou moyen terme, la transition va entraîner des coûts. Il faut être bien conscient qu’il y aura des perdants de la transition, aussi bien chez les ménages, que parmi les secteurs productifs et les pays, à commencer par les pays producteurs de pétrole. Il faudra donc faire très attention à ceux, dans notre société, qui seront les plus affectés, en réfléchissant à l’avance à la façon dont on va les accompagner et en trouvant des moyens de compenser. A défaut, la transition sera injuste et les résistances seront trop fortes.