La crise sanitaire n’aura pas mis de frein à l’intérêt des investisseurs pour le private equity. Lequel surclasse largement toutes les autres classes d’actifs sur la durée, notamment grâce à la persistance des taux bas. Explications.
Depuis plus de 20 ans, le private equity connaît un attrait croissant auprès des institutionnels, et sa part dans le portefeuille des fonds de pension mondiaux n’a fait qu’augmenter. La crise sanitaire n’a fait qu’accélérer cette tendance. « Il y a un véritable intérêt de cette classe d’actifs malgré les difficultés liées à la crise, affirme Alexis Dupont, directeur général de France Invest. Au premier semestre 2020, près de 8 milliards d’euros ont été levés, soit presque autant que sur toute l’année 2013. » En dehors des taux bas et de la recherche de rendement, cet appétit des investisseurs pour le capital-investissement s’explique par différents biais. « Dans un contexte de plan de relance, beaucoup de capitaux sont fléchés par les institutionnels vers le private equity, souligne Nicolas Eschermann, membre du comité exécutif de Siparex. Par ailleurs, les investisseurs ont une attente toujours plus forte d’impact sociétal et environnemental de l’argent qui a été investi. » Pour Eddie Misrahi, président d’Apax Partners, le private equity se montre bien plus résilient que les autres classes d’actifs. « Il y a en outre un attrait de plus en plus fort des personnes physiques et des family offices, qui gagnent du terrain dans les levées de fonds », observe-t-il.
Faire la différence
Selon Charles Bertrand, CFO chez Horizon Software, l’attrait grandissant pour le non-coté est une véritable aubaine pour les dirigeants, mais crée aussi certaines attentes par rapport aux fonds. « Ils doivent maintenant se différencier par leur disponibilité, la qualité de leur réseau international et leur capacité à réinvestir au moment opportun. Mais le plus important actuellement est d’être accompagné par un fonds avec des équipes chevronnées et déjà rompues aux crises », détaille-t-il. Afin d’éviter tout risque pour les investisseurs, le maître-mot est la diversification du portefeuille. « La surenchère des deals et les valorisations très élevées peuvent en outre créer une bulle dopée par le “quoi qu’il en coûte”, ajoute Charles Bertrand. Comme le marché est très attractif, on assiste par ailleurs à un carrousel de fonds qui ne cesse d’enfler. Cela peut disperser les équipes managériales et de private equity. » Quoi qu’il en soit, l’heure est à la transformation et à l’innovation. Le développement des fonds secondaires mais aussi la démocratisation du private equity, au travers notamment de la création du nouveau fonds de Bpifrance, en sont la preuve. « En termes de création de valeur, le private equity est un pourvoyeur d’investissements et un accélérateur de maturité managériale. Cela révèle un ancrage dans l’économie réelle et offre du temps aux entreprises pour croître. En revanche, tâchons de ne pas tuer la poule aux œufs d’or », conclut Charles Bertrand.
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