Les faillites récentes de trois banques aux Etats-Unis, comme la reprise de Credit Suisse par UBS, suscitent beaucoup d’inquiétudes sur le secteur. Faut-il craindre une nouvelle crise bancaire ?
David Benamou, associé-gérant, directeur des investissements d’Axiom : On ne peut pas parler de crise bancaire au sens large car les déboires de ces différents établissements sont bien spécifiques. Ceux des banques régionales américaines sont liés à un dispositif réglementaire inadapté, ainsi qu’à la hausse des taux d’intérêt. De son côté, Credit Suisse était en pleine réorganisation. Cette restructuration, la dernière grande de ce type en Europe après celle de Deutsche Bank en 2019, a été lancée tardivement, à l’automne dernier, et devait permettre un retour à la rentabilité en 2025. Mais dans le contexte de la crise américaine, le report de la publication des comptes à la suite de la demande de la SEC – pour un motif comptable mineur – ainsi que le refus public de son actionnaire saoudien de monter encore au capital ont accentué la défiance des déposants. Le risque de « bank run » était alors d’autant plus grand que, chez Credit Suisse, 85 % des dépôts ne bénéficient pas de la garantie publique, alors que la proportion n’est que de 60 % chez UBS, par exemple.
Les déboires de leurs banques respectives risquant de peser durablement sur les marchés, les autorités américaines et suisses ont réagi très vite pour circonscrire rapidement leur impact. Mais on ne peut comparer la situation actuelle avec celle de 2008. Le secteur bancaire, en Europe comme outre-Atlantique, est en bien meilleure santé qu’en 2008, grâce à l’amélioration des ratios de solvabilité et de liquidité. En parallèle, les risques de contrepartie ont été considérablement réduits par la mise en place des chambres de compensation.