Parole d'expert Jean Baptiste Auzou, directeur BU Finance de Cegid - Avec le paiement instantané, les entreprises se trouvent confrontées à de nouveaux enjeux technologiques. Au-delà de la nécessaire adaptation de leur système d’information, il nécessite également de repenser la gestion du cash dans l’entreprise.
Où en sont les entreprises avec le paiement instantané ?
Le paiement instantané est déjà bien ancré dans les pratiques des particuliers. Si ce n’est pas encore tout à fait le cas pour les entreprises, les choses vont néanmoins s’accélérer avec la réglementation qui leur imposera, à compter d’avril 2025 d’adopter le paiement en temps réel, ou instant payment. Au travers de cette nouvelle réglementation, le législateur entend renforcer la transparence, la traçabilité et la gestion des flux de paiement des entreprises. Elle pose néanmoins plusieurs défis technologiques et organisationnels aux entreprises.
Quels sont les enjeux technologiques soulevés par le paiement instantané ?
Le premier enjeu est l’optimisation des performances pour savoir gérer de grands volumes de transactions sans délai. Tant que les entreprises effectuaient leur paiement en différé, elles n’avaient pas de problématique de temps de traitement : les contrôles de fournisseurs, de RIB ou encore de cohérence pouvaient se faire en amont. Avec le paiement en temps réel de chaque opération, le traitement se fait en journée et sans filet en termes de contrôle. Or, dès lors qu’un paiement est déclenché, il n’est plus possible de revenir dessus. Les systèmes d’information devront donc permettre de faire ces contrôles plus en amont dans la chaîne de paiements, que la data soit plus lisible et de traiter des gros volumes de paiement en temps réel.
Deuxième enjeu, et non des moindres, ne pas risquer la fraude au paiement. Il devra également être suffisamment ouvert pour réaliser tous les contrôles de référentiels en temps réel et éviter les risques de fraudes également soulevés par le paiement instantané. Grâce à des systèmes d’alertes, le trésorier devra pouvoir vérifier en temps réel si un RIB a changé, détecter les nouveaux fournisseurs, contrôler leur RIB et s’assurer qu’ils ne sont pas sur les « listes interdites », ou encore, pour les fournisseurs réguliers, vérifier les échéances et la cohérence des montants. Il faut aussi des technologies de cryptage avancées et des protocoles de sécurité robustes pour protéger l’entreprise.
Enfin, être conforme à la réglementation sur le paiement instantané, qui va nécessiter de renseigner le prénom et le nom du destinataire, le code postal de l’opération et le pays, afin notamment de répondre aux enjeux de traçabilité, d’auditabilité et de transparence. Le logiciel de communication bancaire devra donc être capable de traiter ces informations. D’autre part, pour vérifier ces données et assurer la traçabilité des paiements versés et/ou reçus, il faudra également que les systèmes d’information en place dans l’entreprise (ERP, logiciel de trésorerie, logiciels de communication bancaires) soient interopérables. Aujourd’hui, tous les logiciels de communication bancaire ne sont pas prêts à gérer cette conformité réglementaire sur le paiement instantané.
Le paiement instantané soulève également de nouveaux enjeux autour de la gestion du cash ?
Le paiement instantané réouvre en effet le sujet de la culture cash en entreprise. Jusqu’à présent, les équilibres des comptes de l’entreprise pouvaient se faire à la journée. Dans la mesure où le paiement devient instantané, il convient d’être plus vigilant sur le suivi de ses comptes. Une entreprise pas assez scrupuleuse pourrait vite se retrouver à découvert sur certains de ses comptes et payer des agios. Si, avec le paiement instantané, la gestion de trésorerie corporate trouve son intérêt pour mieux suivre ses flux réels, l’entreprise doit néanmoins s’assurer de la disponibilité du cash et donc de savoir l’anticiper. La gestion opérationnelle de trésorerie quotidienne devra donc être renforcée par des prévisions de cash fiables et des analyses d’écarts plus régulières.
Le paiement en temps réel touche ainsi à la culture cash de l’entreprise, où chaque acteur même non financier joue un rôle dans l’optimisation du cash. Un sujet sur lequel les entreprises sont néanmoins de plus en plus sensibilisées, notamment à la suite de la succession de crises que nous avons traversées ces dernières années.
Pour les accompagner dans cette démarche, Cegid met notamment à la disposition des entreprises des solutions qui leur permettront de se mettre en conformité avec cette réglementation, et en particulier un outil de communication bancaire sécurisé capable de s’interfacer avec le système d’information de l’entreprise et d’anticiper la mise en place du paiement instantané.
