Si la hausse des taux d’intérêt est structurellement favorable aux banques, elle a pour l’instant contribué aux mauvais résultats de la banque de détail en France. Cela tient à un décalage entre l’évolution très lente du rendement des actifs bancaires et une hausse plus rapide du coût de la ressource au passif, liée notamment à l’exception française du livret A.
Les marchés financiers sont secoués par les perspectives de hausse des taux d’intérêt, la récession en Europe devient plus qu’une probabilité, mais les grandes banques françaises semblent n’en avoir cure. C’est le cas surtout de BNP Paribas et de Société Générale, dont les bons résultats du troisième trimestre 2022 ont surpris les investisseurs. Il en résulte une surperformance boursière pour BNP Paris, par exemple : le titre a gagné près de 11 % sur un mois, contre un gain légèrement supérieur à 7 % pour le CAC 40.
Le marché ne s’attendait pas à de telles performances. Les bénéfices ont crû de 10, 3 % pour BNP Paribas (par rapport au troisième trimestre 2021), et de 3,7 % pour le groupe Société Générale, à taux de change constant. Ces bons résultats sont notamment liés à la hausse des taux d’intérêt, a priori favorable aux banques. « Son impact sur les revenus bancaires est structurellement positif, souligne Guillaume Lucien-Baugas, vice president senior analyst chez Moody’s. Elle permet d’augmenter la marge nette de taux d’intérêt, probablement de quelques dizaines de points de base. »
«La hausse des taux a un impact structurellement positif sur les revenus bancaires. Elle permet d’augmenter la marge nette de taux d’intérêt, probablement de quelques dizaines de points de base. »
Une rémunération en hausse des liquidités
Cette marge nette dépend de la politique de taux d’intérêt pratiquée pour les différents crédits. Mais la hausse des taux a d’autres effets positifs sur les résultats des banques. D’une part, le relèvement des taux directeurs décidé par la Banque centrale européenne (BCE) leur apporte, paradoxalement, du produit net bancaire (PNB) supplémentaire. « Les banques françaises disposent de liquidités...