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Bataille des paiements - La riposte des banques françaises

Publié le 10 février 2023 à 16h20

Ivan Best    Temps de lecture 17 minutes

Dans le mouvement de la digitalisation des paiements, les banques françaises ont manqué plusieurs virages ces dernières années, notamment celui du commerce en ligne, laissant beaucoup de place aux fintechs et big techs. Mais elles réagissent aujourd’hui, en investissant massivement dans la technologie, et en lançant le chantier d’un wallet (portefeuille numérique) européen.

Unies tout au long d’une année de négociations, les banques françaises ont fini par convaincre leurs homologues allemandes et du Benelux de mettre en place un moyen de paiement européen : un wallet (porte-monnaie électronique) devrait voir le jour fin 2024 ou en 2025, permettant aux consommateurs français, allemands et des trois pays du Benelux d’échanger entre eux de l’argent électroniquement, de téléphone à téléphone, de régler un artisan, et, par la suite, à plus longue échéance, de payer leurs achats chez les commerçants. Un projet moins ambitieux à court terme que celui d’une carte européenne, lancé en 2020 avant d’être abandonné en mars 2022, mais qui pourrait dessiner un moyen de paiement d’avenir (voir encadré ci-dessous).

Cet exemple illustre la volonté des banques françaises, unies pour le coup, de conserver un rôle majeur dans le domaine des paiements, en bataillant contre les initiatives des fintechs et big techs en pointe sur le sujet. Ce choix de garder la mainmise sur les paiements peut paraître évident pour un Français, mais il ne l’est pas hors de l’Hexagone. Dans plusieurs pays européens, les banques sont en passe d’abandonner la partie, laissant la question des paiements à des acteurs du monde de la tech. L’Italie symbolise cette stratégie : les banques ne s’y occupent plus du tout de paiement.

Un wallet européen en 2024

  • Si la carte bancaire européenne ne verra pas le jour, les banques espagnoles, notamment, ayant fait capoter le projet, un wallet (paiement par smartphone) à vocation européenne va être lancé fin 2024 ou début 2025. L’annonce officielle devrait en être faite d’ici quelques semaines par l’European Payment Initiative, qui regroupera 16 à 17 banques françaises, allemandes et des pays du Benelux. « Ces cinq pays fondateurs de l’Europe (manque seulement l’Italie) représentent 60 % des paiements européens », souligne une source proche du dossier.
  • Reposant sur les infrastructures de paiement instantané, il permettra, dans un premier temps, aux particuliers d’échanger de l’argent entre eux, comme Paylib en France, qui sera fondu dans ce projet. Les consommateurs pourront ensuite payer les artisans, et enfin les commerçants. 500 millions d’euros seraient investis par les banques, notamment en marketing, dans ce projet destiné à contrer la montée en puissance de Visa et Mastercard en Europe et les ambitions des Gafam dans le paiement. Reste que la BCE, qui veut créer une monnaie numérique de banque centrale, a elle aussi un projet de wallet, qui permettrait d’échanger des euros digitaux… Une initiative très mal vue par les banques commerciales, craignant une forte concurrence, à terme.

La fin d’une source de profits

Il faut dire que, compte tenu d’une concurrence très vive sur ce qui ressemble de plus en plus à une commodité, le paiement n’est plus une source de profits...

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