Le lancement d’un euro numérique de détail, à destination de tous les consommateurs européens, ne fait plus guère de doute. Le projet prendra principalement la forme d’un wallet, c’est à dire un portefeuille numérique, intégré dans un smartphone et servant de moyen de paiement. Il devra toutefois affronter la concurrence du wallet qui sera lancé dès 2024 par les plus grandes banques de la zone euro.
« Une monnaie pour l’avenir. » C’est ainsi que Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a qualifié le futur euro numérique – de détail –, qui est entré le 1er novembre dans sa phase de préparation, après deux ans « d’investigation ». Si, officiellement, cette préparation n’est pas encore synonyme de lancement à coup sûr – la décision formelle interviendra en 2025 –, il ne fait guère de doute que cette nouvelle monnaie arrivera dans les poches des consommateurs. « L’euro numérique a de grandes chances de voir le jour », affirme ainsi Pierre Lahbabi, directeur des services financiers chez Sopra Steria. Cela prendra un peu de temps, mais dans un peu plus de trois ans, les consommateurs de la zone euro pourront donc avoir accès à « cette forme numérique d’argent liquide qui pourra être utilisée pour tous les paiements numériques, sans frais », comme l’a affirmé Christine Lagarde. Très concrètement, cet argent liquide d’un nouveau type prendra principalement la forme d’un portefeuille numérique (wallet), intégré dans un smartphone, qui permettra aux consommateurs de la zone euro d’échanger de l’argent entre eux ou de payer leurs achats, l’objectif n’étant pas de conserver des sommes importantes dans ce wallet, au montant plafonné.
Un portefeuille euro numérique plafonné
- Si les banques, notamment françaises, se sont montrées plus que réservées face à la perspective du lancement d’un euro numérique de détail, c’est notamment en raison du risque de voir les dépôts des particuliers (qui contribuent à leur financement) fuir vers le bilan de la BCE : les euros numériques seront certes distribués par les banques commerciales, mais ils figureront bien, comme les billets, au passif de la BCE.
- L’engagement pris par la BCE de plafonner les futurs comptes en euro digital, qu’il s’agisse du montant détenu et de celui fixé pour chaque achat (ce sera le même plafond) a toutefois rassuré les banques. Aucun chiffre n’a été officialisé, mais des études économiques publiées par la banque centrale soulignent que le risque de fuite serait extrêmement faible en deçà d’un plafond de 3 000 euros. « Il y aura aussi un plafond pour la détention de l’euro numérique, qui pourrait être proche de 3 000 euros, confirme Alexandre Stervinou, directeur des études et de la surveillance des paiements à la Banque de France. L’objectif n’est pas de proposer un compte d’épargne – il n’y aura pas de rémunération – mais bien un moyen de paiement. »
Une alternative européenne à Visa et Mastercard
Quel est l’objectif de la BCE ? Contrer les possibles initiatives des Gafa – Meta a failli lancer sa propre monnaie, il y a trois ans – et offrir une alternative européenne aux acteurs américains qui dominent de plus en...