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Vous avez été nommée en novembre dernier responsable de la géopolitique au sein de l’Amundi Institute. En quoi cette discipline est-elle devenue importante pour la gestion d’actifs ?
Anna Rosenberg, responsable géopolitique à l’Amundi Institute : La prise en compte de la géopolitique est nouvelle dans le domaine de l’asset management et Amundi est en avance dans ce domaine. Le Brexit et l’élection de Donald Trump ont en effet constitué un tournant. Ces deux événements ont eu sur les marchés américain et européen des conséquences économiques lourdes, en termes de chaînes d’approvisionnement, de hausse des prix, de hausse des salaires, etc. Cet impact a été renchéri par la pandémie, avec des économies suspendues aux décisions politiques (confinement, fermeture des frontières, suppression du trafic aérien…) puis par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le résultat, c’est qu’en quelques années, les économies occidentales sont devenues aussi volatiles, voire plus, que les marchés émergents. Actuellement l’Inde et l’Indonésie, par exemple, paraissent plus stables que les Etats-Unis ou l’Europe ! Les grands marchés occidentaux sont désormais mus par les changements géopolitiques. Les dirigeants d’Amundi ont par conséquent estimé nécessaire de disposer de cette compétence en interne pour nourrir non seulement la recherche, mais aussi la stratégie d’investissement. Car face à la volatilité nouvelle des marchés occidentaux, il faut appliquer la même stratégie que pour les pays émergents : diversifier les portefeuilles, et suivre de très près les évolutions et les changements pour en tirer rapidement les conséquences. C’est un changement majeur pour l’asset management et plus globalement pour le secteur des services financiers, qui va devoir se montrer beaucoup plus agile.