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Patrick Artus, chef économiste, Natixis

«On accumule à l’heure actuelle des déséquilibres financiers potentiellement dangereux»

Publié le 19 juillet 2019 à 16h56    Mis à jour le 19 juillet 2019 à 18h36

Propos recueillis par Valérie Nau

Malgré la crise de 2008, le poids de la finance continue de s’accroître par rapport à celui de l’économie réelle. Facilitée par la faiblesse persistante des taux, cette évolution se traduit en parallèle par une hausse de l’endettement dans de nombreux pays. Une situation qui ne peut perdurer, prévient Patrick Artus, qu’en l’absence de choc inflationniste.

Vous recommandez dans votre dernier ouvrage de «discipliner la finance»*. Plus de dix ans après l’explosion de la crise financière, n’est-il pas paradoxal d’avoir à réitérer cet avertissement ?

Je voulais d’abord rappeler que contrairement à ce qu’il est souvent affirmé, la finance ne se résume pas aux seules banques et que probablement la prochaine crise ne viendra pas de ces dernières. On continue encore beaucoup de dire que les banques n’ont pas été assez régulées, ce qui est faux. On les a même probablement surrégulées. En revanche, quand on observe l’évolution de la taille de la finance, définie comme les encours de tous les actifs financiers, on voit qu’elle augmente à toute allure. Elle représente actuellement près de 400 000 milliards de dollars, soit environ quatre années et demie de PIB mondial, au lieu de trois années en 1990. Quand la finance grandit trop, cela signifie qu’il devient plus compliqué de transformer l’épargne en investissement. Je voulais donc analyser les causes de cette hausse, ainsi que la façon dont elle se manifestait. 

Comment expliquer cette progression des actifs financiers après les mesures prises depuis la crise de 2008 ?

La finance qui avait provoqué la crise de 2008, à savoir la finance complexe (dérivés, titrisation) et la dette privée de l’OCDE, a considérablement diminué. Ce sont d’autres segments qui ont grossi : l’encours de crédit mondial a fortement progressé, en particulier en Chine (150 % du PIB) et dans les pays émergents (90 %), de même que, dans ces pays, l’encours mondial d’obligations. Cette hausse résulte notamment d’un phénomène de globalisation financière, qui se traduit par une imbrication financière croissante. Alors que l’on assiste depuis plusieurs années à un recul de la globalisation économique – on tend de plus...

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