Après avoir enregistré une collecte de 160 milliards d’euros en 2021, le marché européen des ETF a résisté à l’environnement chahuté de 2022, en attirant près de 80 milliards d’euros de flux. Une tendance qui, une nouvelle fois, a très largement profité aux ETF ESG.
Selon Morningstar, 65 % de la collecte globale ont en effet été dirigés vers des produits environnementaux, sociaux et de gouvernance, soit une progression de 12 points en un an. « Nous voyons arriver de la part de nos clients un nombre croissant de demandes beaucoup plus pointues sur l’un des trois piliers de l’ESG, notamment sur le pilier environnement, corrobore Guillaume Dambrine, senior ETF sales specialist chez Franklin Templeton. En réponse, nous devons leur apporter des solutions dans lesquelles nous allons monitorer l’impact écologique de nos investissements. »
La surperformance de l’ISR
A en croire les intéressés, l’attrait pour les fonds indiciels ESG n’est pas près de retomber, alimenté notamment par leur impact sur l’empreinte carbone des portefeuilles des gérants. « En prenant des indices sectoriels, on arrive facilement à les décarboner de plus de 50 % », constate Jérôme André, responsable du département investissement au sein de La Mutuelle Générale. A cela s’ajoutent des performances le plus souvent attractives. « Nous avons fait l’exercice de comparer sur dix ans les indices ISR par rapport aux indices traditionnels, non-ISR, explique Ahmed Khelifa, CEO de L’Allocataire et head of the ETF commission au sein de la SFAF. Le constat est que les premiers dégageaient une surperformance annuelle moyenne annualisée supérieure à 2 % sur dix ans, en tenant compte de la baisse en 2022, ce qui représente une surperformance sur dix ans de plus de 30 % pour l’Europe. Pour les émergents, celle-ci est encore plus importante, de l’ordre de 40 % sur dix ans. »
En outre, les évolutions réglementaires à venir devraient contribuer à renforcer la transparence autour de ces produits et, par ricochet, attirer de nouveaux investisseurs. « Ce qu’on commence à voir, c’est qu’il y a sûrement besoin d’un peu plus de granularité à l’intérieur des classifications 6, 8 et 9 créées par le règlement SFDR, pointe Guillaume Dambrine. Parce qu’aujourd’hui, dans des fonds article 8, on va avoir des degrés de “verdure” assez divers. Je pense qu’à terme, sûrement, cela va évoluer vers un système de scoring un peu plus détaillé, qui permettra aux investisseurs d’être capables de mieux comparer les fonds entre eux et d’avoir une meilleure vision de leur stratégie et de leur ambition. » En février dernier, l’AMF a ainsi proposé d’introduire dans le droit européen des exigences minimales environnementales auxquelles les produits financiers devraient répondre afin d’être catégorisés article 8 ou article 9.