Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de définition commune acceptable par tout le monde de ce qu’est la transition énergétique.
La réglementation, alliée de la finance durable ? Oui, à en croire Hervé Guez, CIO equity & FI chez Mirova. « Qu’est-ce que la finance durable, si ce n’est la défense d’un capitalisme à l’européenne dans lequel on considère que l’entreprise est une personne morale, et que cette personne morale a des responsabilités vis-à-vis de la société, de l’environnement et de ses parties prenantes ? L’ambition de cette réglementation européenne et des labels européens, me semble-t-il, est d’être le bouclier ou l’épée de cette défense d’un modèle de capitalisme européen. »
Un besoin d’harmonisation
Il n’empêche, le cadre actuel demeure largement perfectible. « Ce qui perturbe les acteurs, c’est la confusion des labels nationaux, des réglementations européennes, des reportings article 29, etc., sans que les contenus ne se parlent forcément, déplore Hervé Guez. Le gros enjeu des années à venir sera de cranter, d’avoir de la graduation et de l’homogénéisation. »
En outre, si les gérants se veulent dans l’ensemble favorables à l’enrichissement des dispositifs ISR, ils appellent néanmoins à ne pas se hâter. « Aujourd’hui, nous n’avons pas de définition commune acceptable par tout le monde de ce qu’est la transition, pointe Luisa Florez, directrice des recherches en finance responsable chez Ofi Invest AM. Je considère que ce serait une bonne idée de commencer à intégrer cette notion dans un label, mais il faut au préalable que la définition soit sans équivoque et partagée par tous. » D’ailleurs, il arrive que la pratique des gérants influe sur les nouvelles règles mises en œuvre. « Alors qu’il n’y a aucune exclusion, ni sociale, ni de gouvernance, ni environnementale, dans le référentiel actuel du label ISR, il nous a paru nécessaire d’en intégrer, une grande majorité des fonds en appliquant déjà », souligne ainsi Michèle Pappalardo, présidente du comité du label ISR. Un constat corroboré par Luisa Florez : « Les exclusions sont importantes parce qu’elles permettent d’améliorer la lisibilité de ce que je vends ou en tout cas de ce que je ne vends pas. »
Face à l’ampleur du chantier réglementaire, les acteurs privés de la finance durable comptent bien apporter leur pierre à l’édifice. « Travaillons à une réglementation qui fasse du sens pour l’industrie, insiste Hervé Guez. Soyons ambitieux en construisant la version à venir d’un label européen aligné avec le règlement SFDR, qui permette de clarifier les différents positionnements, tous légitimes, des ambitions environnementales et sociales des différentes stratégies d’investissement. »