Comment définir, de manière simple, l’engagement actionnarial ? « Il s’agit de l’approche qui nous permet d’avoir un impact sur les pratiques des entreprises dans lesquelles nous sommes investis ou sur celles que nous finançons. D’avoir cet impact dans le monde réel, et pas simplement d’avoir un impact sur les portefeuilles de nos clients », résume Aela Cozic, directrice associée, investissement durable chez Fidelity.
Concrètement, les investisseurs engagés confèrent à cet engagement un double objectif. Le premier a trait à un devoir de vigilance. « Cela se traduit par une approche par les risques, consistant à identifier des facteurs extra-financiers qui pourraient exposer l’entreprise à des risques, des risques pouvant ensuite devenir financiers », précise Véronique Le Heup, directrice de l’ISR et RSE chez Amiral Gestion. Le second est un devoir de transformation car « la transition écologique devient une urgence importante », ajoute Véronique Le Heup.
Trois modes d’exercice principaux
Pour parvenir à ces fins, trois principaux modes d’action sont généralement utilisés. « On retrouve l’engagement par le vote aux assemblées générales, l’engagement bilatéral direct en one-to-one et l’engagement collaboratif », indique Joël Prohin, directeur du département de gestion des placements à la Caisse des Dépôts. Mis en œuvre depuis de nombreuses années, le premier modus operandi reste, de loin, le plus usité. « Nous essayons cependant d’élargir notre scope, de sorte à ne pas nous limiter au vote, prévient par exemple Alexandre Gautier, secrétaire général adjoint de la Banque de France. Car si nous sommes en désaccord avec la politique d’un émetteur, alors ce désaccord doit se traduire dans notre politique d’investissement. »
C’est pourquoi un nombre croissant d’acteurs de l’investissement durable jouent sur les trois canaux. « Ces dernières années, nous avons sensiblement accru notre participation dans des engagements collaboratifs sur diverses thématiques, illustre Aela Cozic. Pour autant, la grande majorité des engagements que l’on mène restent encore des engagements bilatéraux. » Le son de cloche est similaire chez Amiral Gestion. « Complémentaire à l’engagement individuel que nous continuerons évidemment de mener, l’engagement collaboratif devient indispensable, insiste Véronique Le Heup. Les leviers d’action avec le collaboratif rendent le message encore plus lisible et permettent surtout de se concerter avec des investisseurs afin de préconiser aux entreprises les meilleures solutions pour qu’elles se transforment plus vite. » Dans ce cadre, le dialogue avec des organisations tierces est aussi souvent apprécié. « Il est très important d’avoir cet échange par exemple avec les ONG, d’être interpellé et parfois un peu bousculé, évoque Alexandre Gautier. Nous sommes sans doute sortis du charbon plus rapidement grâce à leur action. »