L’hydrogène vert, qui à terme doit se substituer à l’hydrogène fossile et permettre notamment de décarboner l’industrie et la mobilité lourdes, apparaît également comme un élément clé de la transition énergétique.
Le prix de l’hydrogène vert produit par électrolyse s’articule autour de trois composantes principales : l’électricité, l’efficacité du procédé et l’investissement initial. « Lorsque nous additionnons ces trois facteurs, le coût de revient d’un hydrogène vert se situe aujourd’hui entre 4 et 6 € le kilo dès lors qu’il est produit en masse, précise François Dedieu, directeur de la stratégie de H2V. L’industrie attend néanmoins un prix à 2,5 € le kilo, au regard des prix du gaz et du CO2 dans l’état du marché actuel. » Il va donc falloir, dans les années à venir, combler ce différentiel de prix.
Augmenter les capacités électriques
A cet effet, le secteur a besoin d’un cadre afin que les projets sur le sujet puissent avancer sereinement. « Le cadre européen est en cours de discussions, explique Hélène Gelas, associée chez Jeantet & Associés. Deux actes délégués de la directive RED II (dont l’un sur la problématique de l’additionnalité) devraient être adoptés et des discussions sont en cours autour de la directive RED III. » L’un des objectifs, au travers de l’hydrogène vert, consiste à pousser pour avoir des capacités de production d’électricité supplémentaires, plutôt que de venir prendre sur des capacités de production existantes pour faire de l’hydrogène. « Cette logique d’additionnalité se confronte actuellement à une logique de zone temporelle et spatiale qu’il va falloir gérer, ajoute Hélène Gelas. Le nucléaire pourrait alors jouer un rôle dans le développement de l’hydrogène. » Des discussions sont également en cours sur les aides : banque européenne de l’hydrogène, aides publiques européennes pour des projets de recherche. En France, le sujet des aides à ce secteur est également en cours de réflexion.
Accélérer le développement de l’hydrogène vert
« L’Europe avance difficilement, mais elle avance quand même et mobilise des capitaux, précise Arnaud Faller, Deputy CEO and CIO, CPR Asset Management. Tout l’enjeu maintenant consiste à accélérer le développement de l’hydrogène vert, ce qui passera notamment par la massification des projets. » Seul un changement d’échelle permettra en effet d’atteindre un prix de compétitivité plus faible. Les technologies représentent une partie de la réponse pour baisser les prix et avoir un hydrogène décarboné compétitif. « Les technologies existantes aujourd’hui ne suffiront pas à atteindre l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, précise Charles Beigbeder, PDG d’Audacia. Il faut donc en inventer de nouvelles et les massifier. Il convient à cet effet de soutenir la recherche, les scientifiques, les entrepreneurs qui vont se lancer, faire maturer et créer des start-up, accompagner ces start-up au travers de fonds. Il faudra également s’appuyer sur le nucléaire, ce qui nécessitera de renouveler notre parc de réacteurs nucléaires, les EPR 2, mais également de recourir à des réacteurs de quatrième génération. » « La source nucléaire est d’autant plus indispensable à la production de l’hydrogène vert qu’aujourd’hui nous n’avons pas assez de projets renouvelables », ajoute Hélène Gelas. L’accélération du développement de l’hydrogène vert passera également par le réglementaire et en particulier la loi Industrie verte.