La publication au Journal officiel du décret n° 2016-501 le 24 avril dernier rend désormais le prêt entre entreprises possible. Comment accueillez-vous cette mesure issue de la loi Macron ?
Dans notre baromètre annuel mené fin 2015 auprès de 500 entreprises françaises de tailles diverses, les deux tiers des répondants faisaient état d’un désengagement des banques. Cette situation est d’autant plus problématique que l’affacturage, généralement considéré comme la principale alternative au crédit bancaire, est une solution jugée trop coûteuse par 90 % des sociétés interrogées ! Dans ce contexte, tout dispositif permettant de satisfaire les besoins de trésorerie, et c’est le cas du prêt entre entreprises, est le bienvenu.
Les modalités de ce dernier, telles qu’elles ont été arrêtées dans le décret, en font d’ailleurs un outil potentiellement intéressant dans la mesure où les plafonds retenus sont assez élevés : le montant alloué au cours d’un même exercice comptable pourra en effet représenter jusqu’à 50 % de la trésorerie nette du prêteur et s’élever, toujours dans le cas du prêteur, à 50 millions d’euros pour une ETI et à 100 millions d’euros pour un grand groupe.
Dans le sondage auquel vous faisiez référence, 13 % seulement des répondants se disaient pourtant prêts à octroyer ce type de financement. Comment expliquez-vous cet engouement pour le moins limité ?
D’abord, notre enquête fait ressortir chez 88 % des sondés la crainte que la mise en place d’un tel financement crée un lien de dépendance trop fort entre le prêteur et l’emprunteur, de nature à déséquilibrer ensuite les rapports de force à l’avantage du créancier. Surtout, les réticences relèvent de considérations purement financières. Il est en effet probable qu’une entreprise qui solliciterait un prêt auprès d’une autre entreprise soit contrainte de le faire car elle éprouve des difficultés de...