Il y a un an, l’arrivée de la pandémie en Europe engendrait de fortes perturbations sur le marché des titres de créance de court terme, dits NEU CP, au point d’empêcher la plupart des émetteurs de venir s’y financer. Afin de normaliser la situation, l’Eurosystème s’était lancé pour la première fois de son histoire dans des rachats de commercial papers. Quel bilan dressez-vous de ces interventions ?
Emmanuelle Trichet : En permettant aux entreprises et aux banques, notamment, de financer leurs besoins de court terme, le marché des NEU CP constitue un canal direct de transmission de la politique monétaire. A ce titre, il s’agit d’un rouage essentiel pour la stabilité financière. Ainsi, lorsque les premières perturbations ont commencé à apparaître sur ce compartiment dès la deuxième semaine de mars de l’année dernière, avant de s’amplifier, l’Eurosystème a rapidement décidé d’intervenir pour enrayer une dynamique devenue préoccupante. A ce moment, la part d’entreprises qui ne parvenaient plus à refinancer leurs tombées était passée de 60 % début mars à 80 % fin mars, ce qui avait entraîné une contraction des encours corporate sur ce marché d’environ 10 % sur la période.
Jean-Michel Boucarut : Avant tout, il est important de souligner la réactivité de l’Eurosystème : les banques centrales nationales chargées de souscrire des titres de créances de court terme dans la zone euro, parmi lesquelles la Banque de France, effectuaient leurs premières transactions dès le 27 mars ! Entre...