La faillite, en quelques jours, de trois banques américaines a soulevé un vent de panique sur les marchés, qui y ont vu un signal d’alerte sur la santé du système bancaire. Pourtant, les difficultés de la principale d’entre elles, la Silicon Valley Bank (SVB), sont liées avant tout à celles du secteur de la tech. L’ampleur de cette réaction était-elle justifiée ?
Ruben Nizard, économiste pour l’Amérique du Nord chez Coface : Il peut paraître étonnant en effet de voir l’impact qu’a eu la défaillance d’une banque que personne ou presque ne connaissait, et qui présentait des spécificités bien particulières. Elle était d’abord très spécialisée, ses actifs étant concentrés sur les entreprises de la high-tech. La structure de son bilan était aussi atypique, dans la mesure où son portefeuille, très peu diversifié, était essentiellement placé en obligations d’Etat et en mortgage backed securities (MBS), et donc très exposé au risque de taux. Cette concentration s’est accentuée pendant la pandémie, durant laquelle la banque a enregistré une forte augmentation de ses dépôts. Ce sont ensuite les difficultés du secteur de la tech qui ont entraîné celles de SVB. A partir du second semestre 2022, les acteurs du venture capital, confrontés à la hausse des taux, se sont montrés plus prudents vis-à-vis de ces sociétés, qui ont eu besoin de récupérer le cash qu’elles avaient placé chez SVB. Pour faire face au risque de liquidité et compenser ces retraits, la banque a dû vendre des titres à perte, ce qui a abouti, in fine, à sa chute.