Vous venez de publier un rapport* sur les risques encourus actuellement par la place financière de Paris. Ce n’est certes pas le premier à tirer la sonnette d’alarme mais le vôtre affirme cette fois très clairement qu’elle est en danger. En quoi y a-t-il enfin urgence à s’inquiéter ?
Patrick Gounelle, membre de la CCI Paris Ile-de-France : Nous estimons en effet que la situation s’est aggravée ces dernières années. De plus en plus de sièges sociaux quittent la France, les dirigeants de start-ups prometteuses font de même, les banques ont transféré une partie de leur back-office à l’étranger et vont de plus en plus restreindre le nombre de leurs agences en France… Pris sur l’année, les flux migratoires ne sont pas forcément inquiétants, mais ils le sont en données cumulées.
On assiste ainsi à un processus d’érosion lent, déjà perceptible dans certains métiers financiers : la gestion d’actifs, par exemple, l’une des grandes forces de la finance française, est passée en quelques années seulement du premier au troisième rang en Europe. Cette évolution générale est très problématique car les dégâts risquent de mettre des années à être réparés.
Comment expliquez-vous cette érosion ?
Patrick Gounelle : Les freins au développement sont connus. La fiscalité, d’abord, n’est pas suffisamment attractive, ni pour les investisseurs, ni pour les intermédiaires bancaires, qui ne sont pas incités à animer la place. Elle constitue pourtant un élément déterminant de compétitivité .
Mais la place de Paris souffre aussi de ne pas être...