Contrairement à ce qui s’était passé après la crise financière de 2008-2009, le marché des M&A ne s’est pas effondré avec la crise sanitaire, bien au contraire. Cette situation paradoxale compte tenu de l’environnement économique tire toutefois à sa fin, prévient François Henrot, special senior advisor de Rothschild & Co. Pour ce banquier d’affaires réputé, le retour au réel risque d’être brutal et devrait se traduire, pour les professionnels du secteur, par des opérations plus difficiles à mener à bien.
Alors qu’avec l’épidémie de Covid et la guerre en Ukraine le monde vient de subir consécutivement deux crises majeures, le secteur des fusions-acquisitions a enregistré des montants records en 2021 et continue cette année de très bien se porter. Comment expliquez-vous cette situation ? Celle-ci ne finit-elle pas par être quelque peu inquiétante ?
François Henrot, special senior advisor, Rothschild & Co : Même si les activités de M&A dans le monde affichent un montant un peu en retrait par rapport à l’année précédente, 2022 aura été un excellent millésime pour le secteur, à l’image des résultats affichés cette année par les entreprises. Notre évolution est en effet corrélée à la leur : quand elles vont bien, notre métier se porte bien, et vice versa. Les premiers mois de l’année ont bénéficié du mouvement de reprise lié à la sortie du Covid, ainsi que des injections massives de liquidités par les Etats des deux côtés de l’Atlantique et de la poursuite du quantitative easing par les banques centrales. Cette tendance s’est conjuguée au deuxième semestre avec les opérations provoquées par le retour de l’inflation et les effets induits de l’invasion de l’Ukraine, dont les conséquences négatives ne commencent à se faire sentir sur les entreprises que depuis quelques semaines. On a ainsi observé un décalage de calendrier entre la situation du monde qui s’est sérieusement détériorée, et celle des entreprises qui est restée jusqu’à ces dernières semaines excellente.
Toutefois, il est...